Les pays africains sont sous une pression croissante à cause de l’augmentation rapide du coût de leur dette. Selon Kevin Urama, vice-président et économiste en chef de la Banque africaine de développement (BAD), les pays africains paient jusqu’à cinq fois plus d’intérêts lorsqu’ils empruntent sur les marchés internationaux, par rapport aux institutions comme la BAD ou la Banque mondiale. Cela rend leurs finances encore plus vulnérables.
Lors d’une réunion de l’Union africaine sur les finances et l’intégration économique à Abuja, Kevin Urama a expliqué que le financement privé est devenu plus important, mais cela a aussi fait augmenter les coûts pour les pays africains. En 2023, presque la moitié de la dette des pays africains était détenue par des créanciers privés, et ce chiffre pourrait atteindre 54 % en 2024. Même si ce type de financement peut apporter des opportunités, il rend le poids financier beaucoup plus lourd pour les pays.
Les chiffres de la BAD montrent que la situation devient préoccupante. Depuis 2010, la dette publique des pays africains a augmenté de 170 %. Aujourd’hui, vingt pays sont en difficulté ou risquent de l’être bientôt, alors qu’ils n’étaient que treize il y a dix ans. Le coût annuel du service de la dette va passer de 17 milliards de dollars en 2010 à près de 74 milliards de dollars en 2024, dont plus de 40 milliards seront dus à des créanciers privés. Utiliser des dettes à court terme pour financer des projets de long terme met en danger la stabilité des finances publiques.
Pour faire face à ces défis, la BAD propose de créer un mécanisme de stabilité financière spécialement pour l’Afrique. Ce système, qui est discuté depuis trois ans, pourrait aider à refinancer les dettes à de meilleures conditions et réduire la dépendance vis-à-vis des créanciers privés. En l’absence d’un tel mécanisme, l’Afrique reste le seul continent sans structure régionale de stabilité financière, ce qui la rend encore plus fragile face aux crises mondiales.
Malgré les avantages possibles, ce projet de mécanisme de stabilité financière peine à se concrétiser. Depuis plusieurs années, il rencontre des obstacles économiques et politiques qui empêchent la mise en place d’une structure unifiée. Cette situation fragilise les économies africaines, qui continuent de dépendre des créanciers internationaux pour la plupart de leurs besoins financiers.
Pour espérer limiter la hausse des coûts de la dette, il est essentiel de mettre en place un cadre de stabilité pour l’Afrique. La BAD continue de soutenir ce projet, afin de réduire l’impact des crises économiques mondiales et de mieux contrôler les finances publiques. L’avenir de la stabilité financière en Afrique dépend de la capacité des pays à s’unir pour soutenir cette initiative régionale.