La Commission nationale de lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite du Gabon a ouvert une enquête sur un contrat de fourniture d’électricité conclu avec la société turque Karpowership. Deux ministres en fonction, Mays Mouissi, actuel ministre de l’Environnement, et Charles Mba, ministre du Budget, sont particulièrement visés pour des soupçons de pots-de-vin liés à la signature de cet accord. Ce lundi, Mays Mouissi est convoqué pour fournir des explications.
L’enquête ne se limite pas aux deux ministres. La Commission a également adressé une lettre au Procureur de la République pour entendre d’autres responsables, parmi lesquels les dirigeants de la Société des patrimoines, le Fonds gabonais des investissements stratégiques, la Société d’énergie et d’eau du Gabon, ainsi que des représentants de la mairie de Libreville. Tous ces acteurs auraient joué un rôle dans la conclusion d’un contrat aujourd’hui suspendu, qui impliquait l’envoi de bateaux-usines turcs pour répondre à une crise énergétique majeure.
Le Gabon est confronté depuis l’année dernière à des délestages fréquents, particulièrement à Libreville, sa capitale. Pour y remédier, le gouvernement avait fait appel à la société Karpowership, qui a acheminé deux navires capables de générer de l’électricité. Cependant, cette solution temporaire s’est révélée extrêmement coûteuse : 12 milliards de FCFA par mois, sans compter le carburant à fournir par Libreville pour alimenter les bateaux. Ces coûts ont suscité des interrogations, aggravées par des suspicions de corruption.
La suspension du contrat avec Karpowership reflète la volonté de l’État gabonais de faire la lumière sur cet accord controversé. Toutefois, la société turque exerce une pression croissante pour obtenir le paiement des sommes dues. Pendant ce temps, les délestages continuent de peser sur la vie quotidienne des Gabonais, renforçant la nécessité de solutions énergétiques durables et transparentes.
Les organisations de la société civile gabonaise dénoncent depuis des mois l’opacité de cet accord et son impact financier sur les caisses publiques. Plusieurs ONG appellent à une refonte complète de la gestion du secteur énergétique, demandant plus de transparence et de responsabilité dans la signature de futurs contrats.
Alors que l’enquête progresse, cette affaire illustre les défis auxquels le Gabon est confronté dans la gestion de son infrastructure énergétique. Elle met également en lumière l’urgence de réformer les pratiques de gouvernance pour éviter que des crises similaires ne se reproduisent. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer les responsabilités et l’avenir de la coopération énergétique avec des partenaires étrangers.