La mission de médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en Guinée-Bissau, déployée afin de relancer le dialogue politique dans le pays, a pris fin le 28 février sans résultat significatif. Composée de diplomates et d’experts électoraux, l’équipe n’a pas réussi à faire progresser les négociations entre les différents acteurs politiques, notamment l’opposition et le président Umaro Sissoco Embaló, en dépit de plusieurs jours de discussions.
La mission visait à instaurer un consensus politique avant les élections prévues pour le 30 novembre 2025. L’équipe de médiation, dirigée par l’ambassadeur Babatunde O. Ajisomo et l’expert Serigne Mamadou Ka, espérait trouver des solutions durables pour la paix en Guinée-Bissau, en se concentrant sur un dialogue constructif entre le gouvernement et l’opposition. Pourtant, malgré des efforts soutenus, la mission n’a pas été en mesure de surmonter les divergences profondes, notamment sur la question du statut de l’Assemblée nationale, point central de la crise.
Depuis plusieurs années, la Guinée-Bissau traverse une crise politique cyclique et profonde. Les tensions entre le gouvernement et l’opposition se sont intensifiées avec la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Umaro Sissoco Embalo, une décision contestée par l’opposition. Cette dernière revendique la réinstallation de l’Assemblée et le retour de Domingos Pereira à sa tête, un acte qu’elle considère comme nécessaire pour rétablir la légitimité de l’État. Le climat politique est d’autant plus tendu que le président Embaló est accusé par l’opposition d’avoir prolongé son mandat de manière illégale.
Malgré les efforts de la Cédéao, la crise politique en Guinée-Bissau semble s’enliser dans des positions figées. L’opposition, qui attendait des gestes concrets de la mission, a exprimé sa déception. De son côté, le président Embaló, bien qu’absent du pays au moment des discussions, a rejeté toute influence extérieure en déclarant : « La Cédéao ne fait pas la loi chez moi ». Cette résistance présage de nouvelles difficultés pour toute tentative de résolution de la crise, d’autant plus que la situation semble se dégrader avec le temps.
Avec une absence de progrès tangible, la mission de la Cédéao soumettra ses conclusions à la présidence de la Commission de l’organisation en vue d’un débat lors du prochain sommet prévu en juin. Si la Cédéao continue de faire face à l’inertie politique en Guinée-Bissau, il est probable que la situation demeure instable jusqu’à ce qu’une véritable volonté politique émerge pour apaiser les tensions, ce qui pourrait prendre des mois, voire des années.
Selon des sources diplomatiques, la crise en Guinée-Bissau est d’autant plus complexe qu’elle est profondément enracinée dans l’histoire politique du pays. Les frustrations de l’opposition face à un pouvoir jugé illégitime sont exacerbées par la récurrence des tensions institutionnelles et le manque de véritable réconciliation nationale. Dans un climat aussi tendu, la médiation internationale pourrait avoir des effets limités, tant que les acteurs internes ne trouveront pas de terrain d’entente.