Le 25 avril, sous la médiation des États-Unis, la République Démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont signé à Washington une déclaration de principes, marquant une étape importante dans la relance du processus de paix entre les deux nations. Bien qu’il ne s’agisse pas encore d’un accord de paix formel, ce document définit un cadre pour un projet d’accord à venir, prévu pour le 2 mai prochain. La déclaration met en lumière des engagements cruciaux qui pourraient influencer l’avenir des relations entre Kinshasa et Kigali.
Le texte signé n’est qu’une première étape, visant à établir les bases d’un accord plus détaillé. Parmi les points majeurs de la déclaration figure la reconnaissance mutuelle de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, un aspect particulièrement sensible dans le contexte du conflit actuel. Le Rwanda et la RDC sont en désaccord sur la présence de forces armées étrangères, notamment les accusations de présence de soldats rwandais en RDC, que Kigali nie formellement, et l’allégation de soutien de l’armée congolaise aux FDLR, un groupe armé hostile à Kigali. Ces questions sont au cœur des tensions qui divisent les deux pays depuis plusieurs années.
Le contexte dans lequel s’inscrit cette déclaration est complexe et profondément enraciné dans l’histoire de la région. Depuis la réapparition du M23, un groupe rebelle soutenu par Kigali selon Kinshasa, les relations entre les deux voisins ont été marquées par des accusations réciproques et une série de crises humanitaires. Le Rwanda évoque également la menace continue que représentent les FDLR, présents en RDC depuis les années 1990, et estime que son territoire a subi plus de trente attaques depuis 1997. En parallèle, la RDC et ses alliés internationaux, notamment l’ONU, pointent du doigt les ingérences rwandaises en territoire congolais.
À court terme, les perspectives liées à cet accord sont incertaines. Si les deux parties s’engagent à ne plus soutenir de groupes armés non étatiques, des questions subsistent sur la mise en œuvre effective de cet engagement, en particulier en ce qui concerne les groupes tels que le M23 et les FDLR. Les experts estiment que ces engagements, bien que positifs, risquent de se heurter à des obstacles pratiques et géopolitiques. D’un autre côté, la coopération économique et minière prévue dans la déclaration pourrait offrir une opportunité de réconciliation, si elle se concrétise sous la forme d’investissements réciproques bénéfiques, notamment avec l’implication des États-Unis.
Les réactions à la signature de cette déclaration sont partagées. D’un côté, le président américain Donald Trump a salué cet événement comme une « grande nouvelle pour l’Afrique », exprimant son optimisme quant à la résolution du conflit. Le Qatar, également impliqué dans le processus, a qualifié la déclaration de « pas positif » pour la stabilité régionale. Cependant, des figures comme Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, ont exprimé des doutes, rappelant que la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU exige déjà un cessez-le-feu immédiat et le retrait des forces rwandaises, sans conditions supplémentaires. L’activiste congolais met en garde contre des compromis insuffisants et appelle à l’application stricte du droit international.
Une question demeure : les engagements pris à Washington seront-ils respectés sur le terrain ? Les défis sont nombreux, notamment la mise en œuvre du cessez-le-feu et le démantèlement des groupes armés, ainsi que la gestion des réfugiés. Les observateurs craignent que, comme par le passé, les promesses de paix soient rapidement contournées par des actions militaires ou diplomatiques de part et d’autre. La véritable épreuve de la déclaration interviendra lors de la rédaction du projet d’accord et de sa mise en œuvre concrète, où la pression internationale et régionale jouera un rôle déterminant.