Le 25 avril 2025, la justice ivoirienne a rejeté un recours déposé par un militant du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples (Cojep), visant à faire réinscrire Charles Blé Goudé sur les listes électorales pour la présidentielle de 2025. Blé Goudé, ancien ministre de la Jeunesse, a été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) des charges de crimes contre l’humanité, mais demeure sous le coup d’une condamnation de 20 ans de prison en Côte d’Ivoire pour son rôle dans la crise post-électorale de 2010-2011. Cette décision maintient pour l’instant son exclusion de la course à la présidence.
L’ancien ministre avait demandé, en décembre 2024, une amnistie présidentielle de la part d’Alassane Ouattara pour lui permettre de se présenter à l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025. Cependant, la justice ivoirienne a rejeté son recours en raison de sa radiation des listes électorales depuis 2020 à la suite de sa condamnation par contumace. Le tribunal de Gagnoa, saisi de la demande, a estimé que le droit d’un candidat à être réinscrit ne pouvait être appliqué dans ce cas précis.
Cette décision intervient dans un climat de tensions politiques croissantes. Le Cojep, parti dirigé par Blé Goudé, dénonce une manœuvre d’exclusion systématique des opposants politiques, accusant le pouvoir en place, incarné par le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), de chercher à limiter la compétition pour l’élection présidentielle de 2025. Le parti exige l’adoption d’une loi d’amnistie, afin de permettre à Blé Goudé, et potentiellement d’autres figures de l’opposition, de se présenter librement aux élections.
L’arrière-plan de cette affaire est marqué par la longue période d’instabilité politique en Côte d’Ivoire, exacerbée par la crise de 2010-2011, qui a vu de nombreuses personnalités politiques, dont Blé Goudé, condamnées à la suite de violences post-électorales. Bien qu’acquitté par la CPI, son nom reste entaché par ses condamnations nationales. Cette situation met en lumière le fossé entre les décisions de la justice internationale et les décisions locales, créant une situation juridique complexe pour ceux qui aspirent à une réhabilitation totale.
Les perspectives pour Blé Goudé et pour l’opposition ivoirienne restent incertaines. Le rejet du recours ne semble pas clore la question de sa réinscription sur les listes électorales. À quelques mois de l’élection présidentielle, le climat politique est plus que jamais tendu, avec un large éventail de personnalités politiques exclues de la course. La publication de la liste définitive des candidats en juin pourrait encore changer la donne.
Le Cojep et d’autres partis de l’opposition promettent de continuer à se battre pour que les élections de 2025 soient transparentes et inclusives, en appelant à un dialogue national avec le pouvoir. La question de l’amnistie pour Blé Goudé et d’autres figures politiques sera sans doute au cœur des débats dans les mois à venir, avec des implications potentielles sur la légitimité du processus électoral.