Le récent discours de Joseph Kabila, prononcé en exil et accusant Félix Tshisekedi de mauvaise gouvernance, a provoqué une vague de réactions en RDC. Accusé de soutenir la rébellion du M23/AFC, l’ancien président a vu ses immunités levées par le Sénat. Le pouvoir et plusieurs voix de la société civile répliquent en dénonçant les 18 ans de règne de Kabila, marqués selon eux par des scandales et des échecs.
Jean-Pierre Lihau, ancien proche de Kabila et aujourd’hui vice-Premier ministre, a qualifié le discours de l’ex-président d’« ineptie » et de « vaste blague », rappelant un règne « absolu et stérile ». Le ministre des Finances, Doudou Fwamba, a souligné les réformes économiques et l’amélioration des indicateurs sous Tshisekedi, comparant ces avancées aux scandales, aux atteintes à la démocratie et à la corruption qui ont marqué les années Kabila.
Ce regain d’animosité intervient alors que la RDC est secouée par les offensives du M23/AFC dans l’Est, avec le Rwanda en toile de fond. Kabila, accusé de connivence avec ces mouvements armés, n’a pas condamné explicitement leurs actions dans son discours. Ses détracteurs y voient une stratégie pour fragiliser le pouvoir en place et revenir au centre du jeu politique.
Alors que le discours de Kabila semble marquer son retour dans l’arène politique, le camp Tshisekedi cherche à le décrédibiliser. Ce bras de fer pourrait annoncer de nouvelles tensions, à mesure que le pays se rapproche des prochaines échéances électorales. Certains observateurs redoutent une résurgence des clivages politiques et des manipulations autour des groupes armés.
Jean-Marc Kabund, opposant et ancien proche de Tshisekedi, voit dans ce discours un avertissement lancé aux dirigeants congolais, les exhortant à « se préparer à quitter le pouvoir ». Pour Seth Kikuni, l’intervention de Kabila rappelle la nécessité d’une résistance accrue face au « pillage organisé » et à la « faillite économique » du pays. Ces voix dissidentes illustrent les fractures au sein de l’opposition.
Jean-Claude Katende, président de l’ONG Asadho, a dénoncé à la fois les responsabilités de Kabila et celles de Tshisekedi. Selon lui, si l’ex-président n’avait pas « manipulé les élections de 2018 », et si son successeur avait gouverné « avec responsabilité et orthodoxie », le pays ne serait pas plongé dans la crise actuelle. Ce double reproche témoigne du désenchantement d’une partie de la société civile face aux élites politiques.
Au-delà des accusations croisées, ce nouvel épisode révèle une crise d’image qui touche autant Joseph Kabila que Félix Tshisekedi. Tandis que le premier tente de se repositionner sur la scène politique, le second peine à convaincre d’une gouvernance efficace. Les enjeux de cette confrontation dépassent le simple duel personnel et traduisent les blocages persistants du système politique congolais.