(Agence Ecofin) – Accusé de soutenir les rebelles du M23 qui sévissent dans l’Est de la RDC, le Rwanda dément et estime de son côté que Kinshasa soutiendrait des groupes armés qui lui sont hostiles. Depuis la semaine dernière, les tensions entre les deux pays ne cessent de monter.
En Afrique de l’Est, les tensions entre la République démocratique du Congo (RDC) et son voisin rwandais semblent prendre de nouvelles dimensions inquiétantes. Mardi 31 mai, Vincent Biruta (photo), ministre rwandais des Affaires étrangères, est revenu sur la situation au cours d’une conférence de presse qui s’est tenue à Kigali.
Devant les journalistes, le responsable a démenti toutes les accusations formulées par la RDC contre son pays. Kinshasa accuse en effet son voisin d’appuyer les rebelles du M23 qui semblent tenter une percée vers la ville de Goma située dans la partie Est de son territoire où ils sévissent depuis des décennies. En réponse, les autorités congolaises ont convoqué l’ambassadeur du Rwanda et annoncé la suspension de tous les vols de la compagnie Rwandair.
Pourtant, côté rwandais, on estime que la menace vient plutôt de l’autre côté de la frontière. Face aux accusations de Kinshasa, Kigali a non seulement rejeté tout soutien apporté au M23, et a plutôt accusé son voisin de soutenir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe rebelle rwandais installé dans l’Est du Congo et à qui les autorités rwandaises imputent la responsabilité de certaines attaques sur son territoire.
« Si les attaques continuent, nous ne resterons pas les bras croisés. Le Rwanda aura le droit de répondre pour protéger la sécurité du pays, pour protéger la sécurité de ses citoyens, et nous avons les moyens de le faire », a indiqué Vincent Biruta. Une déclaration qui ne laisse pas entrevoir une désescalade rapide des tensions.
Les tensions entre la RDC et le Rwanda durent depuis les années 90, et ont été amplifiées au fil du temps par plusieurs événements tels que la fuite de plusieurs Hutus rwandais dans l’Est du territoire congolais après le génocide de 1994 ou encore la dégradation des relations entre le pouvoir rwandais et l’ancien président Laurent-Désiré Kabila, dont Kigali avait pourtant soutenu la rébellion contre Mobutu. Aujourd’hui, de nombreux observateurs estiment que Kigali cherche à maintenir une certaine emprise sur la RDC, et profiterait même de l’instabilité dans l’Est du pays pour exploiter ses richesses minières.
Cette crise est la première du genre depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi en 2019, qui semblait avoir inscrit son pays dans un processus d’une véritable réconciliation avec le Rwanda. Elle intervient aussi après une récente opération militaire conjointe menée entre la RDC et l’Ouganda, un autre pays avec lequel le Rwanda entretient des relations houleuses.