À l’occasion de la 15e Journée africaine des frontières, célébrée le 7 juin, le Bénin a lancé un appel fort en faveur de la paix et de la stabilité dans les zones frontalières du continent. Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, Alassane Seidou, a insisté sur la nécessité de transformer ces espaces souvent négligés en lieux de cohésion sociale et de développement durable.
S’exprimant depuis Cotonou, Alassane Seidou a souligné que les frontières ne doivent plus être perçues comme des lignes de rupture, mais comme des points de contact entre les peuples. Il a exhorté les États africains à renforcer les plateformes de coopération transfrontalière afin de prévenir les tensions et promouvoir une coexistence pacifique. « Ces zones doivent devenir des moteurs d’intégration et non des foyers de conflit », a-t-il plaidé.
La Journée africaine des frontières s’inscrit dans le cadre plus large de l’agenda de l’Union africaine, notamment son initiative « Faire taire les armes ». Depuis 2010, cette journée vise à sensibiliser les États membres sur les enjeux liés à la gouvernance frontalière. Dans plusieurs régions du continent, notamment au Sahel, dans la Corne de l’Afrique ou au bassin du lac Tchad, les zones frontalières sont marquées par une insécurité chronique, alimentée par le terrorisme, la criminalité transnationale ou encore des tensions intercommunautaires.
Pour le Bénin, la gouvernance des frontières doit intégrer la réduction des vulnérabilités locales, la prévention des violences et la gestion concertée des risques. Cela suppose non seulement une volonté politique, mais aussi l’implication des communautés vivant de part et d’autre des lignes de démarcation. Le ministre a insisté sur le rôle des populations locales comme actrices clés de la stabilité régionale.
Ce plaidoyer s’adresse aussi aux partenaires techniques et financiers, souvent concentrés sur les capitales, mais peu présents dans les zones périphériques. En insistant sur les défis spécifiques de ces territoires, le Bénin tente de repositionner la question frontalière au cœur des politiques de développement et de sécurité. Il s’agit, en somme, d’une tentative de rééquilibrer l’agenda africain en faveur des marges.
Enfin, l’approche béninoise fait écho à un constat largement partagé par les experts : sans stabilité dans les zones frontalières, les efforts d’intégration régionale resteront fragiles. En appelant à une coopération accrue et à une gouvernance plus inclusive, Cotonou espère contribuer à un modèle africain de sécurité fondé sur l’écoute, la proximité et la solidarité transfrontalière.