Le mardi 1er juillet, la Cour suprême du Sénégal a confirmé la condamnation pour diffamation d’Ousmane Sonko à l’encontre de Mame Mbaye Niang, ancien ministre du Tourisme. Cette décision, qui clôt un long bras de fer judiciaire entamé début 2023, rejette les arguments de la défense, qui invoquait un vice de procédure. L’amende de 200 millions de francs CFA infligée au leader du parti Pastef est maintenue.
Les avocats d’Ousmane Sonko espéraient que la plus haute juridiction sénégalaise renvoie le dossier devant le Conseil constitutionnel pour statuer sur la conformité d’un article du Code pénal utilisé pour sa condamnation. Mais la Cour a estimé que la procédure avait été régulière. Elle balaie ainsi les soupçons de manœuvre juridique dénoncés par la défense, qui visait à faire annuler une décision lourde de conséquences politiques.
Bien que la peine ait initialement privé Ousmane Sonko de ses droits civiques, l’ancien opposant redevenu Premier ministre a pu bénéficier de la loi d’amnistie adoptée en mars 2024, puis élargie en avril 2025. Cette loi couvre tous les faits à caractère politique commis entre février 2021 et février 2024, incluant cette affaire de diffamation. Elle a permis à Sonko de voter et de se présenter aux élections législatives de novembre 2024. Son éligibilité actuelle reste donc intacte, malgré la confirmation de la sanction financière.
Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, le Premier ministre a dénoncé une justice « instrumentalisée » et promis la relance du dossier. Il assure vouloir demander une révision du procès auprès du ministre de la Justice. Pour cela, ses avocats comptent s’appuyer sur un nouveau document : un rapport de l’Inspection générale des finances qui, selon eux, mettrait en cause Mame Mbaye Niang dans des irrégularités budgétaires. Si cet élément est jugé recevable, une révision pourrait être ouverte, bien que la procédure soit strictement encadrée par le droit sénégalais.
Ce dossier illustre les tensions persistantes entre la justice sénégalaise et les figures de l’opposition, même après l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye. Le maintien de l’amende, malgré l’amnistie, nourrit les soupçons de règlement de comptes politiques. Pour Ousmane Sonko, cette décision de justice pourrait devenir un levier supplémentaire pour mobiliser ses partisans et renforcer sa position dans les prochaines échéances électorales.