Le procès de Constant Mutamba, ancien ministre congolais de la Justice, a connu son dernier acte le 13 août 2025. Le parquet a requis dix ans de travaux forcés à son encontre pour tentative de détournement d’environ 20 millions de dollars. Le procureur demande également qu’il soit interdit d’exercer toute fonction officielle pendant dix années supplémentaires après sa peine.
Lors des réquisitions, le procureur a qualifié Constant Mutamba de « délinquant », l’accusant d’avoir « désacralisé le palais de justice » en y tenant des meetings publics. Selon lui, les fonds litigieux avaient été virés à une « entreprise de façade » dans le cadre d’un marché public irrégulier. Ce marché portait sur la construction d’une prison à Kisangani et aurait été attribué en violation des règles de passation.
La défense conteste fermement ces accusations. Elle affirme qu’aucune somme n’a été détournée et souligne que l’ancien ministre avait informé l’Inspection générale des finances et d’autres organes de contrôle du paiement. Pour ses avocats, cette démarche prouve sa bonne foi. Constant Mutamba soutient pour sa part que cette procédure vise uniquement à l’écarter du gouvernement.
Figure connue pour ses réformes judiciaires et ses prises de position critiques, Constant Mutamba s’est attiré depuis plusieurs mois l’hostilité d’une partie de la magistrature. Son procès intervient dans un climat politique marqué par des tensions autour de la lutte contre la corruption et de la place de la justice dans les équilibres institutionnels de la RDC.
L’arrêt de la Haute cour est attendu pour le 27 août 2025. D’ici là, le dossier reste sous haute attention médiatique et politique, tant les enjeux dépassent la seule personne de l’accusé. Selon plusieurs observateurs, la décision aura des répercussions sur la perception de l’indépendance judiciaire et de l’égalité devant la loi.
Si la peine maximale est prononcée, elle pourrait mettre un terme à la carrière politique de Constant Mutamba pour au moins deux décennies. À l’inverse, un acquittement renforcerait l’idée d’un procès politiquement motivé. Dans les deux cas, ce jugement fera jurisprudence sur la manière dont les affaires de corruption impliquant des personnalités politiques sont traitées en RDC.