Réunis à Benghazi, les membres de la « Coalition des partis pour la patrie » ont rejeté la feuille de route proposée le 21 août par Hannah Tetteh, cheffe de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (MANUL). Selon eux, le plan, qui prévoit une transition politique sur 12 à 18 mois et la formation d’un gouvernement unifié, ne répond pas aux aspirations des Libyens ni aux sacrifices consentis depuis 2011.
La coalition dénonce l’absence de calendrier précis et de mécanismes contraignants garantissant l’application du plan. Elle estime que le maintien d’institutions politiques dont le mandat a expiré est désormais « inacceptable » et réclame des élections libres et transparentes comme seule voie légitime pour reconstruire des institutions représentatives.
Ces critiques s’inscrivent dans un climat de méfiance généralisée vis-à-vis des initiatives internationales. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye est plongée dans une instabilité chronique, marquée par la fragmentation des institutions, la rivalité entre gouvernements parallèles et l’ingérence de puissances étrangères. Les multiples tentatives de médiation n’ont jusqu’ici pas permis de dépasser les blocages institutionnels.
Le plan de l’ONU repose sur trois piliers : la mise en place d’un cadre électoral viable, l’unification des institutions par un gouvernement de transition et l’organisation d’un dialogue inclusif. Mais pour une partie de la classe politique, ce schéma risque de prolonger l’impasse actuelle, faute de mesures contraignantes capables d’obliger les acteurs en place à céder le pouvoir.
Mohamed Saad Mbarak, président du Parti civil démocratique, a fustigé l’« omniprésence des puissances étrangères » dans la gestion du dossier libyen. Il appelle à renforcer l’appropriation nationale du processus politique, mettant en garde contre un « projet international sans participation libyenne réelle ». De son côté, Nasser Al-Daissi, du parti « Libya for All », a annoncé la publication prochaine d’un document détaillant les insuffisances du plan onusien.
Ce rejet illustre l’écart croissant entre une approche internationale, souvent saluée à l’étranger, et les attentes d’une partie des acteurs libyens qui exigent un processus centré sur les urnes et libéré des influences extérieures. Derrière ce bras de fer, se dessine une interrogation centrale : la Libye peut-elle réellement bâtir un consensus national tant que son avenir reste largement dicté par des agendas internationaux ?