Conformément aux résolutions du mini-sommet de Luanda, le M23 pourrait se retirer de plusieurs localités, dont l’ancienne base militaire congolaise de Rumangabo, selon la force régionale de l’EAC. De son côté, l’armée congolaise parle d’un leurre et accuse le M23 de tenter de nouvelles offensives pour s’approprier d’autres localités.
Selon la force régionale de l’EAC, le M23 pourrait se retirer dès le 5 janvier de Rumangabo. Les rebelles ont promis de se retirer également de la localité de Kishishe où les Nations unies ont recensé le massacre d’une centaine de civils en novembre dernier.
« La rencontre a été marquée par des échanges dans le cadre d’un retrait progressif et coordonné des combattants du M23 de zones occupées. Cela conformément aux résolutions du mini-sommet de Luanda », a confirmé le major de l’armée kényane et porte-parole de la force est-africaine en RDC, Wanyoni Nyakundi. Et d’ajouter : « Il est important de savoir que la force régionale des États d’Afrique de l’Est n’a jamais conclu un accord avec le M23 et ne le fera jamais ».
Comme à Kibumba, les zones abandonnées ne seront réoccupées que par la force régionale. « Nous sommes là pour nous assurer que le mouvement a quitté ses positions. Et ce retrait devra se faire de manière ordonnée sans mettre en danger les vies des civils », ajoute le porte-parole.
« Une stratégie pour mettre plus de force sur d’autres fronts »
De son côté, l’armée congolaise parle d’un leurre et accuse le M23 de tenter de nouvelles offensives pour s’approprier d’autres localités. L’ambiance n’est donc finalement pas à la paix dans la région, malgré ce que le M23 définit comme une preuve de bonne foi, selon Maître Reagan Miviri, chercheur du pilier « Violence » du Groupe d’étude sur le Congo (GEC). « Les affrontements se sont intensifiés sur le front de Tongo, Kishishe, Bishusha et ce week-end à Kamatembe, occasionnant de déplacement des populations vers Sake », explique le spécialiste qui estime que Masisi semble « être la cible du M23 et que l’apaisement est difficile à entrevoir ».
Concernant les démarches effectuées ces dernières semaines sur le plan diplomatique, elles « n’ont pas encore eu beaucoup d’impact sur le terrain ». « Que ce soit à Kibumba et sur d’autres fronts où le M23 garde ses positions, on a entendu des annonces, mais sur le terrain, les avancées restent difficiles à identifier », ajoute-t-il.
Le chercheur estime que ce retrait du M23 de certaines localités « semble être une stratégie pour mettre plus de force sur d’autres fronts qui semblent être plus stratégiques pour le groupe armé, notamment pour aller vers Masisi ». « Pour l’instant, l’heure n’est pas encore à l’apaisement », conclut-il.
« Un mensonge très coûteux »
Et alors que le Rwanda est toujours accusé par Kinshasa, mais aussi par les États-Unis et plusieurs pays européens, de soutenir et de combattre aux côtés du M23 dans le Nord-Kivu, le président rwandais a réagi samedi lors de ses vœux pour le Nouvel An. Ces accusations, selon Paul Kagame, ne font qu’aggraver la situation :
Il est décevant que la communauté internationale apporte un soutien de façade pour la paix, et se retrouve finalement à compliquer la question, ce qui affaiblit les processus régionaux. Après avoir dépensé des dizaines de milliards de dollars pour le maintien de la paix durant ces deux dernières décennies, la situation à l’est du Congo est pire que jamais. Pour expliquer cet échec, certains dans la communauté internationale accuse le Rwanda, même s’ils savent très bien que la vraie responsabilité repose en premier sur le gouvernement de la République démocratique du Congo, et sur ces acteurs extérieurs qui refusent d’adresser les racines du problème, nul part ailleurs. C’est un mensonge très coûteux, et qui n’a pas de logique.