Selon des témoins, deux institutions françaises ont été prises pour cible par des manifestants au Burkina Faso, au lendemain d’un nouveau coup d’état ayant entraîné la destitution du président Paul-Henri Sandaogo Damiba.
Samedi après-midi, un correspondant de l’Agence France-Presse a constaté un incendie devant l’ambassade de France à Ouagadougou, et un autre incendie s’est déclaré l’Institut français de recherche à Bobo-Dioulasso, dans l’ouest du pays. Dans un communiqué signé par la porte-parole du Quai d’Orsay, la France a déploré ces attaques. « Nous condamnons avec la plus grande fermeté les violences contre notre ambassade. Une cellule de crise a été ouverte à Ouagadougou et nos équipes se mobilisent (…) pour la sécurité de nos concitoyens, qui est notre priorité », a déclaré Anne-Claire Legendre à l’AFP.
Attaques de l’ambassade française au Burkina et du centre culturel à bobo dioulasso pic.twitter.com/SQQ00Fqo0n
— Nicolas Normand (@normand95244005) October 1, 2022
Ces attaques « sont le fait de manifestants hostiles, manipulés par une campagne de désinformation à notre encontre », a-t-elle estimé avant de poursuivre : « Toute atteinte à nos emprises diplomatique est inacceptable. Nous appelons les parties prenantes à assurer la sécurité, conformément aux conventions internationales. » Quant aux ressortissants français, ils ont reçu les consignes suivantes : faire preuve de la plus grande vigilance et rester à leur domicile.
Selon un journaliste écrivant pour le média suisse Heidi.news, des manifestants ont «tent[é] de briser les vitres blindées et de forcer les portes» de l’ambassade. La même source évoque également un «caillassage» de l’Institut français dans la ville de Bobo Dioulass. L’agence Reuters a confirmé que des manifestants contre la France avaient jeté des pierres contre l’Institut français de Bobo Dioulass, et l’AFP a évoqué des témoignages sur un incendie devant cet établissement.
8/ Les manifestants se regroupent devant l’ambassade de France à Ouaga #BurkinaFaso et tentent de briser les vitres blindées et de forcer les portes. pic.twitter.com/plceLbgyKz
— Matteo Maillard (@matteomaillard) October 1, 2022
Ces événements surviennent au lendemain d’un coup de force au cours duquel des militaires ont démis de ses fonctions le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, président de la Transition burkinabaise, lui-même arrivé au pouvoir par un putsch fin janvier. Paul-Henri Sandaogo Damiba est désormais remplacé par un capitaine de 34 ans, Ibrahim Traoré.
Invoquant «la dégradation continue de la situation sécuritaire» dans le pays, les militaires à l’origine du nouveau coup de force ont annoncé la fermeture des frontières terrestres et aériennes ainsi que la suspension de la Constitution et la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée législative de transition.
Paris dément tout lien avec les événements au Burkina
Lors d’une intervention télévisée diffusée ce 1er octobre, les militaires à l’origine de ce coup ont évoqué l’hypothèse que «Paul-Henri Sandaogo Damiba se serait réfugié au sein de l’ambassade française» en vue de planifier une contre-offensive. «Cela fait suite à notre ferme volonté d’aller vers d’autres partenaires prêts à nous aider dans notre lutte contre le terrorisme. Nous invitons les vaillantes populations dignes et intègres à ne pas tomber dans le piège et à faire confiance en notre combat qui n’est autre que la restauration de l’intégrité territoriale. La patrie ou la mort, nous vaincrons», a déclaré un porte-parole des militaires en question.
Sur les réseaux sociaux, l’ambassade de France à Ouagadougou a démenti «avec fermeté» toute implication de l’armée dans les événements des dernières heures ainsi que «les rumeurs selon lesquelles des autorités auraient été accueillies ou seraient sous protection de militaires».
Élodie Falco