Le président béninois Patrice Talon a réaffirmé dimanche son refus catégorique de briguer un troisième mandat, balayant d’un revers de main les appels pressants de ses proches et d’une partie de l’opinion publique. Cette déclaration, relayée par son porte-parole Wilfried Léandre Houngbédji sur Canal 3 Bénin, met fin aux spéculations sur une éventuelle modification constitutionnelle qui lui permettrait de se maintenir au pouvoir au-delà de 2026.
Selon Houngbédji, plusieurs voix influentes, tant dans l’entourage présidentiel qu’à l’extérieur du cercle du pouvoir, ont multiplié les tentatives pour convaincre Talon de prolonger son mandat. Ces partisans s’appuient sur l’exemple d’autres dirigeants africains ayant « incarné leur vision » au-delà de la limite constitutionnelle des deux mandats. Pourtant, le chef de l’État béninois oppose une résistance inébranlable à ces sollicitations, questionnant même ses interlocuteurs sur leur capacité à imaginer les réalisations accomplies et leur confiance en ses successeurs potentiels.
Cette position tranche avec l’histoire politique récente du Bénin, longtemps considéré comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest avant de connaître des turbulences sous les présidences précédentes. Depuis son arrivée au pouvoir en 2016, Talon a entrepris d’importantes réformes économiques et institutionnelles, mais son style de gouvernance a également suscité des critiques concernant le rétrécissement de l’espace démocratique. Dans ce contexte, sa décision de respecter la limite constitutionnelle revêt une dimension symbolique forte pour la consolidation démocratique du pays.
À moins de neuf mois de l’élection présidentielle d’avril 2026, aucune candidature officielle n’a encore été annoncée, ni du côté de la mouvance présidentielle ni de l’opposition. Cette situation crée un vide politique que plusieurs personnalités proches du pouvoir, notamment le ministre Romuald Wadagni et Joseph Djogbénou, pourraient chercher à combler. L’absence de dauphin désigné ouvre la voie à une bataille interne au sein du camp présidentiel, tandis que l’opposition, menée par le parti Les Démocrates de l’ex-président Boni Yayi, s’organise pour présenter une candidature unique.
La fermeté de Talon s’inscrit dans une vision plus large de stabilisation institutionnelle du Bénin. En refusant toute modification constitutionnelle à des fins personnelles, le président entend, selon son porte-parole, ancrer durablement le pays dans une culture démocratique où l’alternance devient la norme. Cette posture contraste avec la tendance observée dans plusieurs pays de la sous-région où les dirigeants s’accrochent au pouvoir par des révisions constitutionnelles controversées.
La période préélectorale qui s’ouvre sera déterminante pour mesurer la sincérité de cet engagement démocratique. L’organisation d’un scrutin transparent et apaisé, dans un contexte où l’opposition dénonce régulièrement les restrictions de l’espace politique, constituera le véritable test de la volonté de Talon de laisser un héritage démocratique solide. La capacité du système politique béninois à gérer cette transition sans le père fondateur du “nouveau départ” révélera la maturité des institutions mises en place depuis 2016.