Le Burundi a récemment pris la décision abrupte de fermer indéfiniment toutes ses frontières terrestres avec le Rwanda. Cette mesure, annoncée par le ministre de l’Intérieur, fait suite à des accusations de « mauvais voisinage » portées contre le président rwandais Paul Kagame, accusé d’héberger les ennemis du Burundi.
Cette fermeture intervient dans un contexte où les relations entre les deux pays semblaient s’améliorer, marquées par la réouverture de la frontière par Gitega l’année passée après la crise de 2015. La décision fait suite à l’attaque d’un village près de Gatumba, revendiquée par les rebelles burundais de RED-Tabara. Le président burundais a violemment réagi, accusant le Rwanda de soutenir ces rebelles, qu’il qualifie de « terroristes ».
Il est important de noter que l’incident de Gatumba s’est produit loin de la frontière rwandaise. Les rebelles impliqués sont basés dans le Sud-Kivu, où le Burundi mène des opérations militaires. Cependant, la tension monte depuis la signature d’un accord militaire entre le Burundi et la RDC il y a cinq mois, impliquant l’engagement de troupes burundaises dans le Nord-Kivu contre le M23, soutenu selon les rapports par le Rwanda.
Cette fermeture de frontière pourrait avoir d’importantes répercussions dans la région. Le Burundi, confronté à des pertes militaires et à une mutinerie interne, soupçonne le Rwanda de renforcer la rébellion de RED-Tabara. Dans ce contexte complexe, la décision du président burundais semble être une réponse directe aux tensions croissantes et aux soupçons de soutien rwandais aux rebelles.
L’opposition et la société civile burundaise qualifient cette fermeture de frontière de « manœuvre de diversion » du gouvernement. Ils pointent du doigt les problèmes internes du pays, tels que les pénuries, l’inflation, le manque de devises et la pauvreté croissante, suggérant que le gouvernement cherche à détourner l’attention de ses échecs en gestion d’État.
La situation actuelle met en lumière la fragilité des relations diplomatiques dans la région des Grands Lacs africains. Alors que les accusations et les tensions s’intensifient, les implications de cette fermeture pour les populations et pour la stabilité régionale restent incertaines, nécessitant une attention internationale soutenue pour éviter une escalade du conflit.