Le 19 mars dernier, les forces de gendarmerie camerounaises ont démantelé un réseau de trafic d’êtres humains dans le 4e arrondissement de Yaoundé, permettant ainsi la libération de treize étrangers, principalement originaires de Madagascar et de la République Démocratique du Congo (RDC). Les victimes étaient séquestrées depuis cinq mois, après avoir été appâtées par de fausses promesses d’emploi lucratif. Les enquêtes se poursuivent pour identifier d’autres membres du réseau.
Les treize victimes, dont sept Malgaches et six Congolais, avaient été attirées sur les réseaux sociaux par des Camerounais prétendant leur offrir des emplois bien rémunérés à Yaoundé. Une fois arrivées sur place, elles ont été capturées, séquestrées et soumises à des mauvais traitements dans le quartier de Nkomo, au cœur de la capitale camerounaise. Pendant cinq mois, elles ont été contraintes de solliciter leurs familles pour envoyer de l’argent et ont subi des violences physiques et psychologiques. Selon le Lieutenant-colonel George Parfait Nana, les femmes étaient particulièrement vulnérables, et l’exploitation sexuelle était une menace constante.
Le trafic d’êtres humains est un fléau mondial qui touche de nombreux pays, en particulier en Afrique, où la pauvreté et le manque de perspectives professionnelles rendent certaines populations vulnérables aux promesses de travail à l’étranger. Le Cameroun, en raison de sa position géographique stratégique et de ses liens économiques avec d’autres pays africains, est souvent traversé par des réseaux de traite qui exploitent des personnes en quête de meilleures conditions de vie. Ce réseau particulier, qui a été mis au jour à Yaoundé, fait partie d’un phénomène plus large de recrutement et de détention illégale de ressortissants étrangers.
Cette arrestation marque un tournant dans les efforts des autorités camerounaises pour lutter contre le trafic d’êtres humains. Le ministère malgache des Affaires étrangères a déjà réagi en appelant à la vigilance face aux offres d’emploi suspectes à l’étranger. Les autorités malgaches ont d’ailleurs précisé que ce n’était pas un cas isolé, plusieurs autres ressortissants malgaches ayant été piégés par ce même réseau. Le Cameroun, de son côté, continue d’intensifier les enquêtes pour démanteler d’autres filières criminelles qui exploitent les populations vulnérables.
Jean Severin Okola, chef du quartier de Nkomo, a témoigné de sa surprise en découvrant la situation des victimes. Selon lui, les trafiquants étaient passés inaperçus, se présentant comme des locataires ordinaires et n’attirant pas l’attention des voisins. Ce témoignage montre à quel point les réseaux de trafic peuvent opérer en toute discrétion, souvent au cœur des communautés locales. La solidarité des voisins et des autorités locales a joué un rôle clé dans la libération des victimes, soulignant l’importance d’une vigilance collective.
Alors que les enquêtes se poursuivent et que des arrestations supplémentaires sont attendues, le Cameroun et Madagascar intensifient leurs efforts pour prévenir de tels drames à l’avenir. Les autorités malgaches appellent à une plus grande vigilance vis-à-vis des offres d’emploi trompeuses, et les Camerounais sont invités à rester alertes face à de possibles activités criminelles dans leurs quartiers. La lutte contre le trafic d’êtres humains passe par la coopération internationale et une plus grande sensibilisation des populations aux dangers de ces réseaux.