Le sommet extraordinaire des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac), prévu pour le lundi 16 décembre à Yaoundé, se tiendra dans un contexte économique alarmant. La région fait face à des « signaux d’alerte préoccupants » en raison de l’accumulation de la dette publique, des déficits budgétaires croissants et de réserves de change insuffisantes. Ces enjeux risquent de compromettre l’obtention de soutiens financiers du FMI, essentiels pour stabiliser l’économie de plusieurs pays de la région.
Les pays membres de la Cemac connaissent des tensions budgétaires graves. Le Congo, par exemple, se trouve dans une situation délicate avec une dette publique avoisinant les 100 % du PIB et des arriérés de paiement importants. Cette situation a forcé le pays à rééchelonner ses remboursements, rendant la gestion de son endettement particulièrement complexe. En parallèle, des déficits budgétaires se creusent, notamment au Gabon, où les dépenses publiques ont largement surpassé les investissements. Si certains efforts de réforme ont été entrepris, la mise en œuvre de ces dernières reste semée d’embûches, ce qui freine la stabilisation économique.
La Cemac regroupe six États d’Afrique centrale : le Cameroun, le Congo, le Gabon, la République Centrafricaine, la Guinée Équatoriale, et le Tchad. Depuis plusieurs années, la région est confrontée à une conjoncture économique difficile, alimentée par la baisse des prix des matières premières, la hausse de la dette et des défis de gouvernance. La crise économique a exacerbé les tensions internes, et les États membres peinent à respecter les réformes structurelles recommandées par les institutions internationales, comme le FMI et la Banque mondiale, pour assainir leurs finances publiques.
Le sommet de Yaoundé pourrait être un tournant décisif pour l’avenir de la région. Alors que la dévaluation de la monnaie commune, le franc CFA, n’est pas envisagée pour l’instant, l’urgence reste de mettre en place des réformes économiques plus efficaces. Les chefs d’État devront se concentrer sur des engagements concertés pour éviter une dégradation supplémentaire de la situation économique, notamment en renforçant la gestion des réserves de change, qui risquent de tomber à trois mois au lieu des cinq mois requis pour assurer une stabilité financière.
En plus des défis économiques, ce sommet aura une dimension politique importante, avec le retour sur la scène internationale du président camerounais, Paul Biya. Après une longue absence du devant de la scène en raison de son état de santé, Paul Biya pourrait faire sa première apparition publique en tant qu’hôte du sommet. Bien que le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, président en exercice de la Cemac, ait d’abord proposé de tenir le sommet à Bangui, la rencontre se déroulera finalement à Yaoundé, marquant ainsi un moment significatif pour le président camerounais.
Si les discussions à Yaoundé devraient principalement porter sur la relance économique, les enjeux à long terme demeurent vastes pour la Cemac. La région doit surmonter non seulement ses problèmes financiers immédiats mais aussi réfléchir à une diversification de son économie, trop dépendante des exportations de matières premières. La coopération régionale et l’engagement des États membres seront cruciaux pour la mise en œuvre des réformes nécessaires. Le sommet pourrait donc être un moment clé pour définir les stratégies de relance et de gouvernance économique à l’échelle sous-régionale.