Le Cameroun n’a pas respecté l’échéance du 31 décembre 2024 pour soumettre son rapport d’activités 2022 à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE). Ce manquement met le pays en danger de radiation d’ici 2027, compromettant ainsi sa crédibilité dans la gestion transparente de ses ressources minières, pétrolières et gazières.
Dans une correspondance adressée à Helen Clark, présidente de l’ITIE, le ministre des Mines, Gentry Fuh Calistus, a demandé un délai supplémentaire de dix semaines, promettant de publier le document au plus tard le 7 mars 2025. La raison invoquée : des difficultés liées à la nomination des représentants de la société civile au sein du nouveau comité ITIE national. Cependant, pour de nombreux observateurs, cet argument reflète davantage un manque de préparation qu’un réel empêchement.
La situation actuelle s’inscrit dans un contexte délicat pour le Cameroun, déjà suspendu de l’ITIE depuis mars dernier. Cette décision faisait suite aux inquiétudes de l’organisation concernant la liberté de participation de la société civile dans les débats publics liés aux industries extractives. De plus, la réputation du pays reste fragilisée par le scandale Glencore, qui a révélé des pratiques de corruption dans le secteur pétrolier.
Une radiation de l’ITIE aurait des conséquences graves pour le Cameroun, tant sur le plan économique que diplomatique. En plus de ternir davantage son image à l’international, le pays pourrait voir ses investisseurs se détourner de son secteur extractif, pourtant présenté comme une priorité par le président Paul Biya dans son discours du 31 décembre dernier. La transparence, clé de voûte de l’ITIE, est en effet un critère essentiel pour les partenaires internationaux.
Pour Henri Njoh Manga Bell, président de Transparency International Cameroun, ce retard est inexcusable. Selon lui, le gouvernement aurait dû anticiper la production du rapport annuel, comme le prévoit l’adhésion à l’ITIE. Il souligne un manque de volonté politique dans l’application des normes de transparence, ce qui nuit à la crédibilité des institutions camerounaises.
Alors que le Cameroun mise sur ses ressources minières pour financer son développement, le pays doit impérativement regagner la confiance de ses partenaires. Cela passe par une réforme profonde de sa gouvernance extractive et un engagement clair en faveur de la transparence. À défaut, le Cameroun risque de perdre un précieux levier de développement et de se voir isolé sur la scène internationale.