Au Cameroun, 3 080 145 personnes, soit 10,82 % de la population, sont actuellement confrontées à une insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë. Selon les chiffres dévoilés le 12 décembre 2024 à Yaoundé par Gabriel Mbairobe, ministre de l’Agriculture et du Développement rural, la situation dépasse de loin celle de l’année précédente, marquant une nette détérioration des conditions de vie. Parmi les personnes touchées, 265 314 se trouvent en situation d’urgence, nécessitant des mesures immédiates.
Les causes de cette crise sont étroitement liées aux événements climatiques extrêmes qui ont marqué la campagne agricole. Dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord, les sécheresses prolongées et les inondations soudaines ont sévèrement affecté les récoltes. La cessation des pluies pendant 28 jours consécutifs en août 2024 a provoqué une prolifération des chenilles légionnaires et des pertes importantes sur les céréales. Dans le même temps, des inondations massives survenues en septembre ont détruit 39 490 hectares de terres agricoles, entraînant une perte de 66 683 tonnes de céréales.
La situation est particulièrement critique dans 13 départements, contre 10 à la même période l’année dernière. Les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, déjà affectées par une crise socio-politique depuis 2016, concentrent à elles seules 9 des départements les plus touchés. À cela s’ajoute l’impact des attaques récurrentes de Boko Haram dans l’Extrême-Nord, une région où les populations subissent également les effets des changements climatiques.
Les perspectives à court terme s’annoncent préoccupantes. Les pertes massives dans la production céréalière et les dégâts causés aux moyens de subsistance des populations rurales compromettent la prochaine campagne agricole. Les experts prévoient une aggravation de l’insécurité alimentaire, notamment dans les régions déjà fragilisées par les conflits ou les aléas climatiques.
Des habitants des départements de la Bénoué et du Mayo-Louti décrivent une situation sans précédent. « Nous n’avons jamais connu une telle sécheresse. Nos champs sont perdus, et nous ne savons pas comment nous allons nous en sortir cette année », témoigne un agriculteur. Ces récits illustrent l’urgence d’une réponse coordonnée pour pallier les impacts de ces catastrophes.
Face à cette crise, le gouvernement et les partenaires internationaux sont appelés à redoubler d’efforts pour soutenir les populations affectées. Des initiatives telles que l’amélioration des systèmes d’irrigation, la distribution de semences résistantes aux conditions extrêmes, et l’aide alimentaire d’urgence figurent parmi les priorités. Cependant, pour Gabriel Mbairobe, seule une action durable permettra de réduire la vulnérabilité des populations face aux chocs climatiques.