Le ministère de l’Éducation des Comores a récemment décidé de suspendre les chapitres liés à l’éducation à la sexualité dans les manuels de sciences naturelles des classes de CM1 et CM2. Cette décision fait suite à une vive controverse au sein de la société comorienne, impliquant les religieux, la société civile et certains parents d’élèves. La principale préoccupation exprimée par ces groupes concerne la présence d’images explicites d’organes génitaux humains et l’enseignement de la reproduction, jugés inappropriés pour des élèves de cet âge, en raison de leur culture et de leur foi islamique.
La controverse autour de l’éducation à la sexualité en primaire est complexe et nécessite une analyse approfondie. Les religieux, tout en ne s’opposant pas fondamentalement à l’apprentissage de la reproduction humaine, estiment que cela devrait être réservé au collège, en prenant en compte à la fois la culture, l’âge des élèves et le niveau de compréhension des enfants. Mohamed Oussein Dahalani, prédicateur et hatub à Moroni, explique que la protection des enfants contre les maladies sexuellement transmissibles est essentielle, mais elle doit être abordée de manière appropriée.
Au-delà de la question de l’éducation à la sexualité, la décision du ministère de l’Éducation s’inscrit dans un contexte plus large. Les Comores cherchent à trouver un équilibre entre les normes éducatives occidentales et leur propre culture et croyances. Cette décision soulève des questions sur la souveraineté éducative du pays et la manière dont les programmes sont élaborés.
La suspension des chapitres sur l’éducation à la sexualité en primaire ne met pas fin aux critiques ni au débat. Certains éducateurs suggèrent d’aller plus loin en interdisant ou en contrôlant l’accès des élèves aux smartphones et aux programmes télévisés, qu’ils estiment plus nuisibles que les cours de sciences en classe. L’avenir de l’éducation à la sexualité aux Comores reste incertain, et il est probable que ce débat se poursuivra lors des futures assises sur l’éducation.