Le Mali a vivement critiqué l’Algérie, l’accusant de s’ingérer dans ses affaires intérieures et de soutenir des groupes terroristes actifs dans le nord du pays. Dans un communiqué publié mercredi, le ministère malien des Affaires étrangères a condamné les récentes déclarations du chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, sur la stratégie malienne de lutte contre le terrorisme.
Le ministère malien affirme que l’Algérie entretient des liens de « proximité et de complicité » avec des groupes terroristes, qu’elle aurait hébergés et soutenus. Cette prise de position s’inscrit dans une série de critiques répétées contre Alger, accusé de déstabiliser le Mali à travers ses actions et ses discours. Bamako réitère que la lutte contre les groupes armés relève exclusivement de sa souveraineté et de celle de ses alliés burkinabè et nigériens.
Ces tensions interviennent dans un climat déjà fragile entre les deux pays, aggravé par la décision du Mali, en janvier 2024, de mettre fin à l’accord de paix d’Alger signé en 2015. Cet accord, autrefois central pour la stabilisation du Mali, était devenu caduc depuis la reprise des hostilités par les groupes indépendantistes touaregs et le retrait de la mission onusienne (Minusma). Cette rupture marque un tournant dans la gestion des conflits au Sahel.
La fin de l’accord d’Alger et les accusations mutuelles entre Bamako et Alger annoncent une période d’incertitude pour la région. Le Mali semble s’éloigner de ses partenaires historiques, notamment l’Algérie, pour privilégier une alliance régionale avec le Burkina Faso et le Niger. Cette confédération récemment créée vise à renforcer la lutte contre le terrorisme dans le Sahel, mais pourrait aggraver les tensions diplomatiques avec d’autres États voisins.
L’accord de 2015 avait tenté de répondre aux revendications des groupes indépendantistes du Nord, qui avaient repris les armes en 2012. Cependant, les conflits internes, combinés à l’émergence de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda et à l’État islamique, ont rendu sa mise en œuvre quasiment impossible. Ces dynamiques complexes continuent de miner les efforts de stabilisation dans la région.
Les tensions actuelles entre le Mali et l’Algérie dépassent les seules relations bilatérales et reflètent les rivalités géopolitiques dans le Sahel. En pointant l’Algérie comme un acteur déstabilisateur, Bamako cherche à redéfinir son rôle sur la scène régionale, tout en alertant sur les conséquences potentielles d’un désengagement international, notamment celui de la France et de l’ONU, dans cette zone en crise.