Mercredi 23 août marque une date cruciale pour le Zimbabwe, avec des élections présidentielle, législatives et locales qui se déroulent dans un climat de tension croissante. Le pays compte près de six millions d’électeurs, et parmi les 11 candidats en lice pour la présidence, deux noms se distinguent : Emmerson Mnangagwa, actuel président et candidat à sa propre réélection, et Nelson Chamisa, chef de l’opposition et jeune avocat. Cependant, ces élections surviennent dans un contexte de répression grandissante, alors que le Zimbabwe lutte contre la pauvreté et une inflation galopante.
L’élection présidentielle résonne comme un match retour entre les deux figures principales : Mnangagwa et Chamisa. Cette rivalité remonte à 2018, lors des premières élections consécutives au règne de Robert Mugabe, qui avait dirigé le pays d’une main de fer pendant trois décennies. Mnangagwa, du parti au pouvoir Zanu-PF, se base sur son bilan, axé sur les infrastructures telles que les écoles, autoroutes et ponts. Cependant, des allégations de corruption ont terni ces projets nationaux et ont entraîné des sanctions internationales. De son côté, Chamisa de la Coalition des citoyens pour le changement déplore des intimidations et l’interdiction de ses rassemblements, mettant en évidence des tensions politiques et sociales.
L’économie est au cœur des préoccupations des électeurs zimbabwéens. Le pays fait face à une crise économique sévère, caractérisée par une hyperinflation chronique. Bien que l’inflation ait ralenti en juillet, elle dépasse toujours les 100 %, et certains experts estiment qu’elle est encore plus élevée que les chiffres officiels. Environ 90 % de la population occupe des emplois informels, et près de 42 % vit dans une extrême pauvreté. Les problèmes économiques sont aggravés par des chocs externes tels que la pandémie de Covid-19, le climat et les conflits internationaux.
L’économiste Prosper Chitambara relève quelques aspects positifs, tels que les investissements dans les infrastructures et les projets énergétiques financés par la Chine. Cependant, malgré ces efforts, la participation électorale est susceptible d’être faible en raison d’un « climat d’intimidation » qui a découragé l’engagement des électeurs. Cette élection marque un tournant par rapport aux précédentes de 2018, avec une lassitude palpable chez les électeurs. Les lois adoptées par le Parlement ont restreint la liberté d’expression et les critiques envers le gouvernement, générant un sentiment de désillusion après l’espoir suscité par la fin du règne de Mugabe.