Le président congolais Félix Tshisekedi a dénoncé, lors du Conseil des ministres du 30 mai 2025, « l’opacité persistante » entourant la représentation de l’État dans les coentreprises minières. Malgré un ordre formel donné il y a trois ans pour contrôler les actifs miniers publics, aucune donnée concrète n’a été produite, suscitant des doutes sur la gestion des ressources naturelles du pays.
En 2022, Tshisekedi avait chargé les ministères des Mines et du Portefeuille de mener un contrôle systématique des participations de l’État dans une vingtaine de joint-ventures minières. Ces entreprises, au nombre de 25, mêlent capitaux publics et privés dans un secteur clé pour l’économie congolaise. L’objectif était de clarifier les revenus tirés des mines, d’identifier les actifs liés aux exploitations et de vérifier la légitimité des représentants étatiques. Trois ans plus tard, aucun résultat probant n’a été rendu public.
La question de la transparence dans le secteur minier congolais n’est pas nouvelle. Depuis des décennies, la RDC, riche en cuivre, cobalt, or et autres minerais, peine à capter les fruits de son sous-sol. Les coentreprises minières, censées associer intérêts publics et efficacité privée, souffrent d’un déficit chronique de redevabilité. À cela s’ajoutent des soupçons de conflits d’intérêts, des nominations opaques et des rapports d’activités rarement publiés.
Face à cette inertie, une nouvelle commission gouvernementale sera chargée de mener un audit exhaustif des actifs miniers où l’État est partie prenante. L’objectif est d’évaluer la gouvernance de ces sociétés, d’identifier les blocages et de proposer des mécanismes de redressement. Tshisekedi a souligné que ce flou est incompatible avec les ambitions de souveraineté sur les ressources naturelles et de développement équitable.
Ce diagnostic rejoint celui dressé il y a six mois par Jean-Lucien Bussa, ministre du Portefeuille. Il alertait déjà sur la mauvaise santé financière des entreprises publiques, dont « la quasi-totalité n’a pas réalisé de bénéfices depuis trois ans ». Une situation qu’il imputait à une gouvernance « peu acceptable », minée par des pratiques de gestion inefficaces et un manque de suivi stratégique.
La pression s’accentue sur le gouvernement pour rendre plus transparent et performant un secteur vital pour les finances publiques. Mais sans volonté politique forte et sans mécanismes de contrôle indépendants, cet énième audit risque de se heurter aux mêmes résistances. L’avenir des participations publiques dans le secteur minier pourrait bien être le test de la crédibilité du président Tshisekedi en matière de réforme de la gouvernance.