Le Tchad sera l’invité d’honneur de la 29ᵉ édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui débutera le 22 février prochain. Avec 235 films en compétition, représentant 48 pays, cet événement reste le rendez-vous incontournable du cinéma africain. Cette reconnaissance offre au cinéma tchadien une visibilité unique, notamment à travers deux œuvres majeures en lice pour la sélection officielle.
Deux films tchadiens, Dia d’Achille Ronaimou et Madjbara de Salma Khalil, ont été sélectionnés dans la compétition officielle. Des classiques du cinéma tchadien seront également projetés tout au long du festival, marquant la richesse et l’héritage cinématographique de ce pays. Une délégation tchadienne importante est attendue à Ouagadougou, soulignant l’honneur accordé au Tchad pour cette édition exceptionnelle.
Depuis des décennies, le cinéma tchadien a marqué l’Afrique grâce à des réalisateurs emblématiques comme Édouard Sailly. Pourtant, malgré ce potentiel artistique, les cinéastes tchadiens travaillent dans des conditions difficiles. L’absence de structures de formation, de financement et d’une stratégie économique solide freine le développement de cette industrie dans le pays. Cet hommage au Fespaco intervient donc comme un rappel de ces défis et de l’importance de renforcer le secteur.
Pour les professionnels tchadiens, cette reconnaissance au Fespaco pourrait constituer un tremplin pour attirer l’attention sur leur cinéma et sur les problématiques structurelles qui l’entravent. Emmanuel Rotoubam M’Baide, cinéaste basé au Burkina Faso, appelle à une véritable structuration de l’industrie cinématographique nationale, tout en saluant l’opportunité qu’offre le festival pour un avenir prometteur.
Le choix du Tchad comme invité d’honneur reflète également les liens forts entre ce pays et le Burkina Faso. Les deux nations partagent une vision panafricaine, incarnée par des prix comme celui de Thomas Sankara, qui célèbre l’unité et l’identité africaine à travers le cinéma. Pour Aboudlay Souleyman Babalé, secrétaire général au ministère tchadien de la Culture, cette reconnaissance témoigne d’un respect mutuel entre les deux pays.
Si le Fespaco met en lumière le cinéma tchadien, il soulève aussi la nécessité de solutions concrètes. La création d’écoles spécialisées, le soutien à la production locale et la mise en place d’une politique culturelle ambitieuse sont autant de pistes pour assurer un avenir durable au secteur. Les professionnels espèrent que cette édition marquera le début d’une nouvelle ère pour le cinéma tchadien, entre héritage et modernité.