Au Gabon, bientôt 10 mois de détention préventive pour Jean-Rémy Yama. Le président de Dynamique unitaire, la plus grande centrale syndicale des fonctionnaires gabonais, avait été arrêté fin février à l’aéroport de Libreville. Il est accusé d’escroquerie, abus de confiance et détournement de fonds lors d’un marché public passé entre sa société et l’État. Ce week-end, ses avocats sont montés au créneau pour demander sa libération provisoire.
Les huit avocats de Jean-Rémy Yama ont dénoncé d’une seule voix des arrière-pensées et une détention qui selon eux n’a pas de justification judiciaire. Pour ses conseils, il existe une convention entre la société de Jean-Rémy Yama et l’État, et les procédures prévues en cas de litige n’ont pas du tout été suivies.
Une liberté provisoire lui avait été accordée en août, mais le leader syndical est toujours en détention. Pour Me Anges Kevin Nzigou, tout cela démontre une volonté d’atteindre personnellement Jean-Rémy Yama :
« À l’heure même où il devait retrouver sa liberté, on a exhumé une procédure qui n’a aucune justification judiciaire pour pouvoir le mettre sous un nouveau mandat de dépôt, par un autre juge. Alors même qu’il ne devrait pas être de cette juridiction-là. Lorsqu’il y a autant de volonté de ne pas respecter les règles de procédure et de fond, la personne qui est en cause est en réalité un détenu politique, au lieu d’être au cœur d’une affaire de droit commun. Donc il est possible que la détention de Jean-Rémy Yama soit la réponse à l’engagement citoyen, en raison de ses convictions. Parce qu’il est à la tête d’une centrale syndicale qui ne fait pas forcément plaisir au pouvoir. »
Pour ses avocats, Jean-Rémy Yama est en danger du fait notamment d’une sévère apnée du sommeil qu’on ne lui permettrait pas de soigner en détention. Ses avocats réfléchissent donc à engager une procédure pour « mise en danger de la vie d’autrui ».
Interrogé sur cette affaire, le ministre de la Communication a estimé que le gouvernement ne se mêlait pas et ne commentait pas une affaire relevant de la justice. Selon Alain-Claude Billie By Nze, le fait « que les avocats tentent d’en faire un dossier politique ne nous engage pas »
RFI