Eugène Rwamucyo, un ancien médecin du Rwanda, a été condamné à 27 ans de prison par la cour d’assises de Paris. Il a été jugé coupable de complicité dans le génocide des Tutsis de 1994. Le verdict, rendu le mercredi 30 octobre, met fin à un long procès au cours duquel il a été reconnu coupable de complicité de génocide et de crimes contre l’humanité. Cependant, il a été acquitté des accusations directes de génocide et de crimes contre l’humanité.
Rwamucyo, qui a aujourd’hui 65 ans, a été accusé d’avoir aidé à exécuter des blessés et d’avoir incité la population à s’en prendre aux Tutsis en 1994. Pendant le procès, l’accusation s’est appuyée sur un discours qu’il a prononcé à l’université de Butaré, qui a été diffusé par Radio Des Mille Collines. Ce discours est vu comme une preuve de son soutien intellectuel au génocide, utilisant son statut d’autorité pour influencer les autres.
Rwamucyo avait été arrêté il y a quatorze ans, et ce verdict conclut une longue bataille judiciaire. Le génocide des Tutsis a fait environ 800 000 victimes en 1994, et ce procès est l’un des nombreux visant les responsables de ces crimes. Depuis le début de son procès, Rwamucyo a toujours clamé son innocence, disant qu’il n’avait jamais ordonné ou participé à des actes de violence contre les Tutsis. Sa condamnation reste inférieure aux 30 ans requis par le parquet, en raison de son acquittement sur certaines accusations.
Pour Alain Gauthier, président du collectif des parties civiles pour le Rwanda, la condamnation de Rwamucyo est un pas vers la justice. Mais il pense que beaucoup de responsables doivent encore répondre de leurs actes. Gasana Ndoba, un ancien responsable des droits de l’homme au Rwanda, espère que cette condamnation encouragera d’autres criminels à être jugés en France, où beaucoup de dossiers sont encore ouverts.
Après le verdict, Eugène Rwamucyo a une fois de plus affirmé son innocence, regardant une dernière fois sa famille et ses soutiens présents au tribunal. Son avocat a qualifié le verdict d’“indigne d’un procès historique” et a annoncé son intention de faire appel. Pour la famille, le combat n’est pas terminé, et ils prévoient de continuer à se battre pour obtenir une annulation de la condamnation.
Eugène Rwamucyo est le neuvième Rwandais à être jugé en France pour des crimes liés au génocide des Tutsis. Trente ans après ces tragédies, une quarantaine de dossiers de suspects vivant en France sont encore en cours d’instruction. Philibert Gakwenzire, président de l’association des rescapés Ibuka, insiste sur la nécessité de poursuivre ces efforts pour que justice soit rendue aux victimes et à leurs familles. Bien que le chemin vers la justice soit long et complexe, chaque procès est un pas vers la reconnaissance des souffrances du peuple rwandais.