Le général Abdel Fattah al-Burhan, chef de l’armée soudanaise, a annoncé, le 7 février 2025, la formation prochaine d’un gouvernement de transition. Ce gouvernement, présenté comme « intérimaire » ou « de guerre », sera composé d’experts chargés de rédiger une nouvelle constitution et d’organiser des élections à terme. Cette déclaration survient alors que l’armée soudanaise poursuit ses avancées militaires, notamment à Khartoum, dans le cadre de son affrontement contre les Forces de soutien rapide (FSR).
Lors d’un rassemblement à Port-Soudan, où il a installé son pouvoir depuis le début du conflit, le général Burhan a expliqué que l’armée n’interférerait pas dans le travail de ce gouvernement de transition. Selon lui, l’objectif principal de cette nouvelle entité serait de « nettoyer tout le Soudan » des FSR, responsables de violences qui déchirent le pays depuis avril 2023. Cette annonce s’inscrit dans un contexte de regain de pouvoir militaire, où l’armée semble peu à peu reprendre l’initiative après plusieurs mois de lutte contre les paramilitaires.
La situation au Soudan est marquée par un conflit armé entre l’armée, dirigée par Burhan, et les FSR, menées par Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemedti. Ce conflit a éclaté en avril 2023 et a plongé le pays dans une guerre civile dévastatrice, avec des milliers de morts et des millions de déplacés. Les combats ont ravagé plusieurs villes, notamment la capitale Khartoum, et les violations des droits humains ont été largement documentées par des organisations internationales. La reprise des combats dans la capitale et les victoires militaires récentes de l’armée laissent cependant entrevoir une évolution possible du rapport de forces.
La formation d’un gouvernement de transition pourrait marquer un tournant dans ce conflit, mais les perspectives restent incertaines. Si ce gouvernement est effectivement mis en place, sa capacité à pacifier le pays, notamment en garantissant la sécurité et les droits fondamentaux des citoyens, demeure une question clé. Le général Burhan a assuré que l’armée ne serait pas impliquée dans la gestion quotidienne de ce gouvernement, mais dans un contexte où l’influence militaire reste prépondérante, l’indépendance réelle de ce gouvernement soulève des doutes.
Avec les récents succès militaires, l’armée soudanaise a repris plusieurs quartiers de Khartoum, notamment celui de Kafouri, dans le nord-est de la capitale. Cependant, ces reconquêtes se sont accompagnées de préoccupations croissantes de la part des organisations non gouvernementales. Des rapports font état de violations massives des droits humains, comme des exécutions sommaires et des attaques ciblées contre des civils, exacerbant une situation déjà dramatique pour la population soudanaise. La question de la responsabilité des auteurs de ces violences reste au cœur des débats internationaux.
La formation du gouvernement de transition constitue un premier pas vers la fin de la guerre, mais il est impératif que des efforts de réconciliation nationale soient menés parallèlement pour garantir une paix durable. L’issue du conflit dépendra non seulement de la capacité de l’armée à déloger les FSR, mais aussi de la possibilité de créer un cadre politique inclusif, qui réponde aux aspirations des différentes composantes de la société soudanaise. Le rôle des acteurs internationaux, tout comme celui des acteurs politiques internes, sera crucial dans les mois à venir.