Le gouvernement fédéral canadien a annoncé une réduction de 50 % des quotas d’immigration pour les provinces de l’Atlantique, provoquant une onde de choc parmi les responsables régionaux. Cette mesure, qui affecte le Programme des candidats des provinces (PCP) et le Programme d’immigration au Canada atlantique (PICA), suscite des inquiétudes quant à son impact sur l’économie et le recrutement de main-d’œuvre essentielle, notamment dans le secteur de la santé.
La ministre de l’Immigration de Terre-Neuve-et-Labrador, Sarah Stoodley, a vivement critiqué cette décision, qualifiée de « revirement incompréhensible ». Les places allouées à sa province dans le cadre du PCP sont réduites à 1 050, contre 2 100 précédemment, tandis que celles du PICA passent de 950 à 475. Cette réduction affecte également les autres provinces de l’Atlantique : Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick et Île-du-Prince-Édouard, où les quotas sont également divisés par deux.
Cette décision intervient après que le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a révélé de nouvelles cibles visant à freiner la croissance démographique et à alléger la pression sur les infrastructures et le logement. Toutefois, les provinces atlantiques avaient été encouragées à accueillir davantage de demandeurs d’asile, croyant que cela n’affecterait pas leurs quotas d’immigrants économiques. Ces ajustements provoquent une vive contestation, notamment dans un contexte où la population active et les infrastructures sociales des provinces de l’Atlantique dépendent largement de l’immigration.
Les autorités locales redoutent des répercussions importantes sur l’économie régionale. Sarah Stoodley a souligné que cette décision pourrait gravement perturber le recrutement de travailleurs étrangers, particulièrement dans le domaine de la santé. Selon elle, les besoins des employeurs locaux ne correspondent pas toujours aux profils des travailleurs temporaires déjà présents. Les projections pour 2025 indiquent que seulement 737 nouveaux immigrants pourraient s’établir dans sa province, un chiffre jugé largement insuffisant.
La diminution des quotas impactera lourdement le secteur médical. À Terre-Neuve-et-Labrador, la totalité des quotas disponibles a été utilisée en 2024 pour recruter des professionnels de santé à l’étranger. Avec moins de places disponibles, les gouvernements provinciaux devront se concentrer sur la rétention des effectifs existants. Yvette Coffey, présidente du syndicat des infirmières autorisées de la province, estime qu’une meilleure gestion des ressources humaines locales sera cruciale pour compenser ce manque.
Le gouvernement fédéral défend cette réforme comme une démarche visant à aligner la planification de l’immigration sur la capacité des communautés. Selon le bureau du ministre Miller, ces quotas révisés permettront une croissance durable, malgré des critiques sur l’impact potentiel sur les secteurs économiques clés des provinces de l’Atlantique. Néanmoins, les représentants régionaux et les experts soulignent que la réduction des cibles pourrait aggraver les pénuries de main-d’œuvre, nuisant à la compétitivité et à la vitalité économique de ces provinces.