L’Algérie a opéré un virage stratégique en évinçant la France du marché céréalier pour se tourner massivement vers la Russie. Aujourd’hui, 90 % des besoins en céréales du pays maghrébin sont couverts par son voisin de l’Est, marquant ainsi un changement radical dans ses partenariats commerciaux.
Selon des journalistes d’Europe 1, cette réorientation ne s’est pas imposée du jour au lendemain. Autrefois, les céréales provenaient majoritairement de Paris. Cependant, entre 2023 et 2024, on observe une chute drastique des volumes d’importation en provenance de la capitale française, signe d’un réalignement des priorités algériennes.
Ce basculement s’inscrit dans un contexte de tensions politiques et de réajustement des alliances régionales. Le soutien affiché par l’Élysée à la “souveraineté marocaine” sur le Sahara occidental a fortement pesé dans la balance. Pour l’Algérie, soucieuse de défendre ses intérêts stratégiques et économiques, la relation franco-algérienne s’est ainsi détériorée, ouvrant la voie à de nouveaux partenariats.
Les projections pour 2025 sont sans appel : les achats algériens de blé auprès de la France devraient être réduits à zéro. Cette rupture commerciale pourrait s’accompagner de répercussions plus larges sur d’autres filières agroalimentaires, incitant le pays à diversifier et renforcer ses partenariats extérieurs pour garantir sa sécurité alimentaire.
Parallèlement à la refonte du marché céréalier, d’autres secteurs comme la bovinerie, les produits laitiers, le sucre, la biscuiterie et les conserves accusent également une baisse notable des commandes vers la France. Ce mouvement traduit une volonté affirmée de rompre avec un passé marqué par des dépendances économiques et de réorienter la politique commerciale dans un contexte géopolitique tendu.
Des analystes soulignent que ce réalignement est autant économique que politique. Pour l’Algérie, le choix de la Russie ne se limite pas à des considérations tarifaires ou logistiques, mais répond à une stratégie globale de souveraineté et d’autonomie. Des témoignages de responsables du secteur agroalimentaire confirment la nécessité d’une diversification des sources d’approvisionnement, reflet d’une nouvelle ère dans les relations internationales du pays.