Le Fonds monétaire international (FMI) a mis en lumière une pratique inquiétante de dissimulation de la dette publique au Sénégal, un phénomène qui s’étend entre 2019 et 2024. Selon l’institution internationale, environ 7 milliards de dollars de dettes ont été « cachés » par l’administration de l’ancien président Macky Sall. Cette révélation survient après le rapport de la Cour des comptes sénégalaise, qui avait déjà mis en évidence des anomalies dans la gestion financière du pays. Cette situation pourrait avoir de lourdes conséquences sur la stabilité économique et sur les relations du Sénégal avec ses créanciers.
D’après le FMI, le gouvernement sénégalais a délibérément sous-évalué sa dette pendant cinq ans, permettant ainsi de présenter un bilan financier plus favorable. Eddy Gemayel, chef de la délégation du FMI, a précisé que cette sous-évaluation avait permis aux autorités de s’endetter davantage sur les marchés, tout en envoyant un signal positif aux investisseurs. Par cette stratégie, le Sénégal a pu emprunter à des taux d’intérêt plus bas, bien que le coût réel de cette dette cachée soit désormais avéré et suscite des inquiétudes quant à la soutenabilité des finances publiques à long terme.
Le rapport du FMI s’inscrit dans un contexte de transition politique au Sénégal, après l’arrivée au pouvoir de nouvelles autorités en 2024. Ces dernières ont découvert des erreurs dans les chiffres relatifs aux finances publiques sous l’ancienne administration. Ce décalage entre la dette réelle et la dette officiellement déclarée a également conduit à la suspension d’un programme de prêt du FMI, d’un montant de 1,8 milliard d’euros, qui visait à soutenir le pays dans ses réformes économiques. Cette crise de confiance vis-à-vis de la gestion des finances publiques a jeté une ombre sur la crédibilité de l’administration précédente.
La situation actuelle place le Sénégal face à un dilemme crucial : pour que le FMI reprenne son soutien financier, les autorités devront démontrer leur capacité à identifier les mécanismes de dissimulation de la dette et mettre en place des réformes substantielles pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise. Parmi les mesures attendues figurent la centralisation de la gestion de la dette et la création d’un compte unique pour le trésor public, afin de garantir une transparence totale dans la gestion des finances du pays. Cependant, la reprise des prêts pourrait être conditionnée à l’adoption de ces réformes dans les semaines à venir.
La découverte de cette dette cachée met en lumière une gestion des finances publiques qui risque de peser lourdement sur l’économie sénégalaise. Outre l’impact immédiat sur les relations avec le FMI, cette situation pourrait entraîner une hausse des coûts d’emprunt pour le pays sur les marchés internationaux. De plus, la suspension du prêt du FMI expose le Sénégal à un déficit public croissant, pouvant entraver le financement de projets essentiels pour le développement économique, notamment dans les secteurs de l’infrastructure et de la santé.
Derrière les chiffres de la dette, ce sont les citoyens sénégalais qui risquent d’être les premiers à payer les conséquences de cette mauvaise gestion. En effet, le financement de services publics essentiels pourrait être compromis, affectant notamment les secteurs sociaux qui peinent déjà à répondre aux besoins croissants de la population. Le retard dans les réformes pourrait donc avoir des répercussions sur la vie quotidienne des Sénégalais, exacerbant les tensions sociales et les demandes d’un plus grand contrôle de la gestion publique.