Le FMI attend la lumière sur la « dette cachée » du Sénégal avant de discuter d’un nouveau programme d’aide
Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé, lors d’une récente visite à Dakar les 7 et 8 avril, qu’il attendrait l’achèvement de l’audit sur la « dette cachée » du Sénégal avant d’envisager un nouveau programme d’assistance financière. Cette dette, estimée à 7 milliards de francs CFA, a été mise en lumière par la Cour des comptes sénégalaise en septembre dernier, alimentant ainsi les inquiétudes sur la gestion des finances publiques du pays.
Abebe Aemro Selassie, directeur Afrique du FMI, a souligné la nécessité d’obtenir des éclaircissements sur cette « dette cachée » avant de poursuivre toute coopération financière. Bien que le FMI ait réaffirmé son engagement à collaborer avec le Sénégal pour surmonter les défis économiques, il a clairement stipulé que les questions relatives à cette dette devaient être résolues en priorité. Lors de sa visite, il a rencontré les plus hautes autorités sénégalaises, dont le président Bassirou Diomaye Faye, le ministre de l’Économie, ainsi que le ministre des Finances. Des discussions constructives ont permis de poser les bases de futures actions communes, mais le FMI considère que la situation reste conditionnée à la transparence.
La question de la dette cachée a fait surface au mois de septembre 2024, lorsque la Cour des comptes a révélé l’existence d’un passif d’environ 7 milliards de francs CFA, une somme non déclarée et non inscrite dans les comptes officiels. Ce scandale a jeté une lumière crue sur les pratiques financières de l’État sénégalais, soulevant des préoccupations sur la gestion des fonds publics et la corruption. Ce révélateur est intervenu après plusieurs années de coopération entre le Sénégal et le FMI, notamment dans le cadre de programmes d’appui à la stabilisation économique et à la réduction de la dette.
Les perspectives de relance d’un programme d’aide dépendent désormais de l’issue de l’enquête sur cette « dette cachée ». Le ministère sénégalais de l’Économie a déjà évoqué la possibilité d’un nouveau soutien financier, succédant au programme suspendu à la suite des révélations de septembre. Toutefois, le FMI reste prudent et souhaite d’abord que le Sénégal prenne des mesures concrètes pour résoudre cette crise de gouvernance financière. La reprise des discussions à Washington, prévue pour plus tard cette année, pourrait marquer un tournant décisif dans cette relation.
Du côté sénégalais, la présidence a affirmé son engagement envers la transparence et la lutte contre la corruption, quelle que soit l’issue des négociations avec le FMI. Le gouvernement prévoit des annonces importantes sur les mesures d’assainissement des finances publiques dès le 10 avril, lors d’une session à l’Assemblée nationale. Le Premier ministre, Ousmane Sonko, devrait présenter les premières actions concrètes en réponse aux critiques. Il semble ainsi que le Sénégal soit déterminé à poursuivre son processus de réforme, bien que les tensions liées à la gestion de la dette subsistent.
L’avenir des relations entre le Sénégal et le FMI repose désormais sur la transparence et la régularité des finances publiques. Alors que le pays se prépare à des annonces majeures, le FMI, tout en restant ouvert à la coopération, attend de voir des progrès significatifs avant de débloquer de nouveaux fonds. Dans ce contexte, la gestion de la « dette cachée » pourrait être déterminante pour la stabilité économique future du Sénégal et ses relations avec les institutions internationales.