Mardi, le gouvernement militaire du Niger a décidé de changer les noms de plusieurs rues et monuments de Niamey qui étaient liés à la France, l’ancienne puissance coloniale. Parmi les changements, l’avenue Charles de Gaulle s’appelle maintenant l’avenue Djibo Bakary, et la place de la Francophonie est devenue la place de l’Alliance des États du Sahel. Ces changements font partie d’une volonté plus large de rompre avec l’héritage colonial du pays.
L’objectif de cette initiative est de supprimer les références à une période que beaucoup de Nigériens considèrent comme oppressive. Le colonel-major Abdramane Amadou, porte-parole du régime, a expliqué que cette décision vise à effacer des noms qui rappellent « les souffrances et les brimades subies » pendant la colonisation. Pour le gouvernement actuel, ces changements sont aussi un moyen d’affirmer l’indépendance du pays face à l’influence de la France, qui est encore ressentie.
Le contexte de cette décision remonte au coup d’État du 26 juillet 2023, qui a amené le régime militaire au pouvoir. Depuis lors, le Niger a multiplié les actions symboliques pour prendre ses distances vis-à-vis de la France. Par exemple, les troupes françaises engagées dans la lutte contre les groupes jihadistes ont été retirées, l’ambassadeur de France a été expulsé, et le centre culturel franco-nigérien a été fermé. De plus, les autorités nigériennes ont renforcé leurs liens avec des figures panafricaines comme Thomas Sankara, pour montrer leur volonté d’émancipation.
Les nouveaux noms des rues et monuments visent à créer des symboles qui représentent mieux l’identité du Niger et à honorer des personnalités nationales et panafricaines. L’avenue rebaptisée « Djibo Bakary » rend hommage à un acteur important de l’indépendance nigérienne, tandis que la place de l’Alliance des États du Sahel célèbre la coopération entre le Niger, le Mali et le Burkina Faso, qui ont tous décidé de s’éloigner de l’influence française. Ces gestes servent aussi à rappeler l’importance de figures comme Thomas Sankara, qui continue d’inspirer de nombreuses personnes.
Pour le gouvernement actuel, le changement des noms des rues est bien plus qu’une simple modification : c’est un moyen de donner aux Nigériens la possibilité de reprendre le contrôle de leur histoire et de rendre « honneur à nos ancêtres », comme l’a déclaré le général Assoumane Abdou Harouna. Cette démarche, soutenue par des organisations comme l’ONG Urgence panafricaniste, reflète une volonté commune de tourner la page du passé colonial et de construire un avenir basé sur la fierté nationale et la coopération avec d’autres pays de la région.