Le Soudan a rappelé son ambassadeur au Kenya, Kamal Jobara, pour des consultations, suite à des réunions organisées à Nairobi par le commandant des Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire en guerre contre l’armée soudanaise depuis avril 2022. Cette décision, annoncée le 20 février par l’agence officielle Suna, marque une nouvelle escalade dans les tensions diplomatiques entre les deux pays.
Le ministère soudanais des Affaires étrangères a qualifié ces réunions à Nairobi de « nouvel acte hostile » de la part du Kenya, suggérant que le pays pourrait apporter un soutien indirect aux FSR, qui ont pris part à un conflit sanglant avec l’armée soudanaise. Ces paramilitaires, dirigés par Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemedti, sont devenus un acteur clé de la guerre civile soudanaise, plongeant le pays dans une crise humanitaire depuis presque deux ans.
Le conflit au Soudan a éclaté en avril 2022, suite à des tensions internes entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les FSR. Ce conflit a dévasté le pays, provoquant des milliers de morts et des millions de déplacés. Le rôle du Kenya, pays voisin et acteur régional important, a été scruté au fil des mois. Nairobi a été impliqué dans des discussions visant à favoriser une résolution pacifique, mais la participation de ses autorités à des rencontres avec les FSR a semé la discorde avec Khartoum, qui voit ce soutien comme une ingérence.
Cette décision de rappeler l’ambassadeur pourrait avoir des répercussions sur les relations diplomatiques et économiques entre le Soudan et le Kenya. Le Soudan pourrait renforcer ses accusations de soutien indirect aux FSR, et cette situation pourrait nuire aux efforts de médiation régionale, en particulier dans la recherche d’une solution pacifique au conflit. Le rôle du Kenya en tant qu’intermédiaire régional pourrait être compromis, rendant la résolution de la crise encore plus complexe.
Pour certains analystes, cette décision souligne la fragilité des relations diplomatiques au sein de la région, où les alliances militaires et politiques peuvent influencer les positions des pays voisins. Le Soudan, isolé sur le plan international en raison de la guerre civile, pourrait tenter de renforcer ses relations avec d’autres puissances régionales, tout en cherchant à affirmer son autorité sur ses voisins. Le Kenya, quant à lui, se trouve dans une position délicate, devant jongler entre sa politique interne et ses engagements régionaux.
Les réactions de la communauté internationale pourraient se faire attendre, avec des voix appelant à une désescalade immédiate et à la révision des positions des pays concernés. Certains experts notent que les tensions entre Khartoum et Nairobi risquent de nuire à l’unité régionale, alors que des efforts de paix sont nécessaires plus que jamais. Dans ce contexte, des discussions sur une nouvelle médiation pourraient s’imposer pour éviter que le Soudan ne se retrouve davantage isolé sur la scène régionale et internationale.