Le succès d’une “pilule minceur” inquiète les autorités sanitaires françaises
Le phénomène Ozempic, un antidiabétique qui a des propriétés amaigrissantes, fait fureur sur TikTok, où le hashtag #Ozempic culmine à plus de 500 millions de vues. Cependant, son succès a entraîné des tensions d’approvisionnement en France et a suscité l’inquiétude des autorités sanitaires et des médecins. L’Ozempic est indiqué pour le traitement du diabète de type 2 chez les adultes insuffisamment contrôlés. Son principe actif, le sémaglutide, stimule la libération d’insuline et ralentit la vidange de l’estomac, ce qui diminue l’appétit et entraîne des pertes de poids importantes.
En France, le Wegovy, sous une dose plus forte et un autre nom, a reçu un avis favorable de la Haute Autorité de Santé (HAS) pour le traitement de l’obésité fin décembre, mais il est pour le moment limité aux personnes très obèses avec une maladie associée. Des pharmaciens ont constaté des ordonnances d’Ozempic pour des personnes non diabétiques ainsi que des ordonnances falsifiées, utilisées par plusieurs personnes. L’Agence Nationale du Médicament (ANSM) et l’Assurance Maladie en France ont annoncé que l’Ozempic ferait l’objet d’une “surveillance renforcée” en raison de l’usage détourné. Bien que les autorités sanitaires estiment que ces détournements sont limités à 1%, ils s’inquiètent de l’impact sur la disponibilité du produit pour les diabétiques. Novo Nordisk, le fabricant du médicament, a admis que sa capacité d’approvisionnement actuelle ne répondait pas toujours à la demande excédentaire, provoquant ainsi des ruptures de stock périodiques.
Le médicament peut entraîner des effets indésirables potentiellement graves, tels que des troubles gastro-intestinaux, des pancréatites ou des hypoglycémies. Le Pr Faillie, en charge de sa pharmacovigilance, estime que les effets secondaires sont sous-notifiés. Jean-François Thébaut, de la Fédération des diabétiques, s’inquiète d’une éventuelle ruée sur le Wegovy quand il sera plus largement disponible sur le marché national, d’autant que le sémaglutide est “extrêmement efficace” contre le diabète. La spécialiste de l’obésité Karine Clément, de l’Inserm, insiste sur la nécessité de bien cadrer sa prescription, car le médicament ne doit pas être considéré comme une solution magique, mais être accompagné d’une prise en charge globale.
Merci aux pseudos influenceurs qui ont invité les gens qui veulent maigrir à prendre de l’#Ozempic.
Résultat : rupture totale des stocks !Et donc, les diabétiques qui en ont besoin, comme moi, sont privés de traitement !
Et sans savoir quand on pourra en obtenir de nouveau ! pic.twitter.com/yA8BLero3Y— Jean-Luc Romero-Michel (@JeanLucRomero) March 3, 2023
Carine Maguia