En 2024, dix pays africains détiennent 69% de la dette extérieure totale du continent, un chiffre qui souligne l’ampleur du problème économique en Afrique. Ces pays, qui comprennent des puissances économiques telles que l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Nigéria, sont responsables d’une part disproportionnée de l’endettement extérieur de l’ensemble du continent. Ce phénomène, en croissance, pose un défi majeur pour la stabilité financière de ces nations.
Selon un rapport de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), la part de ces dix pays dans la dette totale du continent a augmenté, passant de 67% en 2023 à 69% au premier semestre 2024. L’Afrique du Sud est le leader de cette liste, avec 14% de la dette continentale, suivie de près par l’Égypte (13%) et le Nigéria (8%). Cette concentration de la dette dans quelques pays témoigne d’un déséquilibre économique, avec des nations dont la capacité à rembourser ces dettes est mise à rude épreuve par des structures financières locales encore faibles et des taux d’intérêt souvent élevés.
La situation de la dette en Afrique est particulièrement complexe. L’insuffisance des systèmes financiers locaux, conjuguée à des taux d’intérêt internationaux élevés, incite ces pays à se tourner vers des prêts externes pour financer leur développement, principalement pour couvrir les besoins d’importation. Le recours aux prêts concessionnels des institutions multilatérales et aux emprunts privés à des taux compétitifs aggrave cette dépendance vis-à-vis de l’aide extérieure. En conséquence, la dette extérieure reste élevée malgré des ratios de dette publique par rapport au PIB plus faibles comparés à d’autres régions du monde, comme l’indique le rapport « African Debt Outlook: A Ray of Optimism ».
La gestion de la dette reste un défi de taille pour ces pays africains. Si, bien gérés, les prêts peuvent effectivement stimuler la croissance économique, leur excès peut entraîner une crise financière majeure. L’augmentation de la dette, notamment dans des économies fragiles, exacerbe la vulnérabilité des pays face aux chocs économiques mondiaux, comme la hausse des prix des matières premières ou les fluctuations des taux de change. En 2024, l’accent sera mis sur la recherche de solutions innovantes pour alléger cette pression financière, notamment à travers des réformes structurelles et une meilleure gestion des ressources naturelles.
Les perspectives pour l’Afrique en matière de gestion de la dette restent incertaines. Si certains pays tentent de diversifier leurs sources de financement et de renforcer leurs systèmes financiers internes, le fardeau de la dette continue d’être un frein majeur au développement. La dépendance envers les créanciers privés et les institutions multilatérales pourrait accroître les risques de défaut de paiement, ce qui, à terme, mettrait en péril la stabilité économique de toute la région. Le défi consiste désormais à trouver un équilibre entre emprunter pour se développer et éviter une spirale d’endettement insoutenable.
Des experts soulignent la nécessité d’une approche plus rigoureuse de la gestion de la dette, y compris une transparence accrue dans les négociations de prêts et une meilleure régulation des flux financiers. Par ailleurs, certains pays commencent à explorer des solutions alternatives, telles que les investissements directs étrangers ou les mécanismes de dette liés à la croissance économique, pour réduire leur dépendance aux créanciers traditionnels. Ces mesures pourraient offrir une lueur d’espoir dans la gestion de la dette en Afrique, mais leur succès dépendra largement de la volonté politique et des réformes économiques profondes.
Top 10 des pays africains avec le pourcentage le plus élevé de la dette du continent
1 – South Africa 14%
2 – Egypt 13%
3 – Nigeria 8%
4 – Morocco 6%
5 – Mozambique 6%
6 – Angola 5%
7 – Kenya 4%
8 – Ghana 4%
9 – Côte d’Ivoire 3%
10 – Senegal 3%
*Selon les calculs de Business Insider Africa