La pandémie a mis à mal certaines de nos croyances et de nos habitudes. Si la norme veut que deux personnes qui s’aiment vivent sous le même toit, depuis que le Covid-19 a débarqué dans nos vies, entraînant avec lui l’apparition du confinement, un nombre croissant de couples a décidé de vivre séparément. Selon le New York Times, les femmes sont plus enclines à vouloir faire “maison à part”.
Jeff et Connie Ordway sont mariés depuis dix-huit ans. En juillet 2021, Connie, 62 ans, fait part à son mari de son envie de quitter leur ferme pour rejoindre la ville de Columbia. Le couple a longtemps pesé le pour et le contre, avant qu’en mars 2022, Connie ne saute le pas et s’installe dans un appartement à vingt minutes en voiture de la ferme familiale. Elle trouve également un travail en tant que chauffeuse de bus pour l’Université du Missouri. Connie et Jeff se rendent visite régulièrement et se téléphonent tous les matins et tous les soirs pour prendre des nouvelles l’un de l’autre. “C’est comme si nous sortions à nouveau ensemble”, commente Mme Ordway.
Aux États-Unis, tandis que le nombre de personnes mariées a décliné entre 2000 et 2019, celui des couples vivant dans des maisons séparées a augmenté. Un phénomène appelé “living apart together” (LAT), ou “couples non-cohabitants” en français, qui est aussi perceptible en Belgique, comme le signifiait, en février dernier, le sociologue du Centre pour la démographie, la famille et la santé de l’Université d’Anvers, Dimitri Mortelmans, à nos confrères du Vif. Depuis 2021, les “LATers” sont de plus en plus nombreux.
La pandémie a joué un rôle prépondérant dans cette tendance, en particulier chez les femmes qui ont davantage souffert des disparités malheureusement encore trop souvent inhérentes à leur sexe. “Je suis une mère, je suis une femme et je suis une fermière. Je ne sais pas où est ma place, quel est mon rôle”, a confié Connie Ordway au New York Times. Vivre seule lui a permis de “me rappeler qui je suis et ce que j’aime faire quand je suis seule”.
Sana Akhand, 33 ans, a également vécu dans un appartement séparé de celui de son mari, à New York. Pour elle, ça a été l’occasion de se retrouver et d’avoir la vie dont elle avait toujours rêvé, celle d’une entrepreneuse. Une carrière qui lui a peu à peu échappé après son mariage. “Je me suis embourbée dans un rôle et dans un chemin de vie hyper traditionnel, celui de la femme”, a-t-elle indiqué. “Ce rôle est vraiment épuisant, car tout ce que vous faites, c’est penser à l’autre, à son bien-être.” Au bout de neuf mois de cette expérience de non-cohabitation, Sana et son compagnon ont décidé d’emménager à nouveau ensemble, dans un appartement plus spacieux de Los Angeles. Elle y dispose d’une pièce à elle, et même de sa propre salle de bain, ce qui lui permet d’avoir plus d’indépendance.