Les États-Unis ont officiellement annoncé leur retrait de l’UNESCO, qui prendra effet le 31 décembre 2026. Washington accuse l’organisation d’être trop politisée et de ne plus servir ses intérêts stratégiques. Cette décision, confirmée par le département d’État, marque un tournant symbolique dans la relation des États-Unis avec les institutions multilatérales.
Dans son communiqué, le gouvernement américain dénonce une organisation qui, selon lui, promeut des causes sociales et culturelles jugées « divisives », en particulier les Objectifs de développement durable portés par les Nations unies, qualifiés de « globalistes ». Le département d’État pointe aussi du doigt l’admission de la Palestine en tant que membre à part entière, considérée comme une provocation contraire à la politique étrangère américaine, et responsable, selon Washington, d’un climat anti-israélien au sein de l’organisation.
Cette nouvelle rupture entre les États-Unis et l’UNESCO s’inscrit dans une histoire mouvementée. Déjà en 1984, sous Ronald Reagan, Washington avait quitté l’organisation, accusée alors de dérives idéologiques. Il aura fallu près de vingt ans pour qu’un retour s’opère en 2003, sous George W. Bush. Puis en 2017, Donald Trump avait à nouveau suspendu la participation américaine, avant que Joe Biden ne décide de la relancer en 2023. Ce nouveau retrait illustre une volonté plus large de désengagement des structures multilatérales, dans la continuité de la doctrine « America First ».
Depuis Paris, la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a exprimé son regret, tout en affirmant que ce départ était anticipé. Elle a rappelé que l’organisation s’est réformée en profondeur pour réduire sa dépendance financière aux contributions américaines, qui représentent aujourd’hui seulement 8 % de son budget total. Elle a également mis en avant les récentes réussites de l’UNESCO : la restauration de la vieille ville de Mossoul, la régulation mondiale de l’intelligence artificielle, ou encore des programmes éducatifs dans les zones de conflit.
Audrey Azoulay a insisté sur le fait que l’UNESCO poursuivra sa mission malgré cette défection. L’organisation prévoit de renforcer ses partenariats avec des acteurs américains non gouvernementaux : universités, fondations et société civile. Elle entend aussi maintenir le dialogue avec les autorités américaines jusqu’à la date de retrait effectif, tout en continuant à œuvrer dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la science et des droits humains.
Les autorités américaines précisent que leur futur engagement international se fera désormais à la carte, uniquement lorsqu’il servira « clairement » leurs intérêts nationaux. Une posture qui renforce le virage unilatéral assumé par Washington depuis plusieurs années, au détriment d’un ordre multilatéral qu’il a pourtant contribué à bâtir. Ce retrait risque ainsi d’affaiblir un peu plus la légitimité et la capacité d’action des grandes institutions onusiennes, dans un contexte mondial de plus en plus polarisé.