Le groupe minier canadien Barrick Gold reste « déterminé à parvenir à une solution mutuellement bénéfique » avec le gouvernement malien, après plusieurs mois de tensions autour de ses activités dans le pays. Selon Sebastiaan Bock, directeur d’exploitation pour l’Afrique et le Moyen-Orient chez Barrick, l’entreprise est toujours engagée dans la résolution du différend concernant son complexe aurifère Loulo-Gounkoto. Ce conflit, qui dure depuis 2023, résulte principalement de l’application du nouveau code minier malien, donnant à l’État une plus grande part dans le projet.
Le conflit entre Barrick et le gouvernement malien a pris de l’ampleur après l’adoption d’un nouveau code minier en 2023. Ce code prévoit des modifications importantes des conditions fiscales et des parts attribuées à l’État, notamment une part accrue dans le complexe minier de Loulo-Gounkoto, l’un des plus grands producteurs d’or du pays. En réponse, Barrick a dû suspendre temporairement ses activités après que le gouvernement malien ait saisi près de trois tonnes d’or. Depuis novembre 2023, les exportations d’or de l’entreprise sont bloquées, accentuant la tension entre les deux parties.
Ce différend s’inscrit dans un contexte politique tendu au Mali, marqué par une instabilité depuis le coup d’État de 2021. La transition militaire, accompagnée de mesures économiques, a renforcé les ambitions de l’État malien en matière de contrôle des ressources naturelles, en particulier l’or, qui représente une part significative de l’économie nationale. Le gouvernement malien cherche à maximiser ses revenus issus des mines, un secteur crucial, tout en répondant aux exigences d’une population marquée par les difficultés économiques.
Bien qu’un accord ait été signé en février 2024 pour résoudre le litige, il n’a pas encore été officiellement validé par l’État malien. Les discussions prennent plus de temps que prévu, en partie en raison de la lenteur bureaucratique et des précédents accords similaires avec d’autres sociétés minières opérant dans le pays. Si l’accord se concrétise, il pourrait permettre une reprise partielle des activités minières, mais l’issue de ce processus reste incertaine.
En attendant la résolution complète du conflit, Barrick maintient la suspension de ses opérations non critiques, tout en garantissant les salaires et primes annuelles à ses employés. Toutefois, des tensions économiques apparaissent, notamment avec des arriérés de paiement envers certains fournisseurs. En mars 2024, l’un des fournisseurs du complexe Loulo-Gounkoto a déclaré à Reuters que Barrick accumulait un retard de deux mois dans ses paiements, ce qui ajoute une pression supplémentaire sur l’entreprise.
Malgré ces tensions, certains analystes estiment qu’une issue positive est encore possible, à condition que les négociations aboutissent à un compromis sur les termes du nouveau code minier. Les autorités maliennes, quant à elles, insistent sur l’importance de renforcer la part de l’État dans les ressources naturelles du pays, tout en préservant l’attractivité du secteur pour les investisseurs étrangers. Le sort de Barrick Gold au Mali pourrait donc marquer un tournant dans les relations entre le pays et les multinationales opérant dans son secteur minier.