Le récent départ est celui de Cédric Noufélé, rédacteur-en-chef et présentateur du journal télévisé et débats du weekend, très prisés par les téléspectateurs.
Les démissions continuent de s’enchainer à Équinoxe. En moins d’un an, la chaine de télévision la plus regardée du Cameroun selon les sondages, a perdu une dizaine de figures via lesquelles les téléspectateurs avaient tissés des liens avec le média. La curiosité est qu’ils partent pour la plupart, pour l’étranger. C’est le cas de Cédric Noufélé qui a rejoint radio Canada récemment et quelques jours après, Éric Fopoussi s’est envolé pour les États-Unis. Kate Djiaha a rejoint son époux au Canada et Carine Sontia s’est installée en France. Éric Kouamo qui a donné une forte aura à l’émission, «Regard Social» exerce au Canada, Mini Mefo est désormais basée en Angleterre etc. Ces départs participent des dynamiques de la vie selon Patrick Christian Ndobo, journaliste, universitaire et consultant en management des médias et sociologie. «Sur le principe, le départ d’un employé d’une entreprise n’appelle pas à une analyse spéciale. Mais ce qui pousse à s’interroger dans le cas d’équinoxe, c’est les départs fréquents. Ce qui amène à questionner leurs conditions de travail au sein de cette entreprise», soutient Julien Chongwang, journaliste et coordonnateur de l’édition francophone de SciDev.Net. Les conséquences de ces mouvements ne se feront pas attendre. Pour Julien Chongwang, «Un média qui perd en quelques années, les figures importantes de son antenne, radio et télévision peut aussi perdre de l’audience parce que c’est un mauvais message qu’il envoie inconsciemment au public et même à ses partenaires, qui peuvent commencer à s’interroger sur la stabilité, la viabilité et la pérennité de la chaine». Dans le même ordre d’idées, Patrick Christian Ndobo pense : «qu’il y aura comme une cassure entre ce qui représentait déjà comme un lien entre ces grandes figures et le média. C’est généralement une relation d’interdépendance. Il faudra donc du temps pour que les nouvelles figurent qui vont reprendre leurs programmes arrivent à convaincre les téléspectateurs et jusque-là rien n’est sûr parce que chacun a son style».
Lucienne Woaussi, une ancienne de la maison basée au Canada depuis peu, avoue être partie pour de meilleures conditions de vie car dit-elle «l’environnement de l’emploi au Cameroun est très précaire et celui des médias l’est encore plus. Si vous êtes journaliste au Cameroun et que vous n’avez pas une activité parallèle, vous ne pouvez pas rester sauf si vous n’avez pas le choix». Sur le cas de son ancien employeur de La Nouvelle Expression (Presse écrite du groupe Équinoxe), elle pense que, ça va prendre certes du temps mais le public va peut-être s’habituer aux nouvelles figures parce qu’avant Cédric Noufélé et tous ceux qui sont partis, on a eu des personnes qui ont donné de l’écho à ces programmes. A l’instar de Sandrine Yamga, Fenelon Mahop Sen, Albert Ledoux Yondjeu, Polycarpe Essomba, Martin Camus Mimb, Nathalie Wakam, Massa Tok Tok etc.
Tous s’accordent à dire cependant que les patrons de presse au Cameroun gagneraient à créer un cadre qui va les emmener à garder le plus longtemps possible leurs plumes comme c’est le cas ailleurs.
Adeline TCHOUAKAK