Le projet de loi amendé sur l’extradition entre le Maroc et le Sénégal suscite un débat intense. Ce texte, qui n’a jamais été ratifié depuis sa signature en 2004, pourrait potentiellement concerner l’ancien président sénégalais Macky Sall, actuellement résident au Maroc. Si la loi est adoptée, elle permettrait au gouvernement sénégalais de demander son extradition, une possibilité qui soulève de nombreuses interrogations sur les motivations politiques et juridiques derrière cette démarche.
Le projet d’amendement vise à permettre l’extradition de personnes incarcérées dans l’un des deux pays pour qu’elles purgent leurs peines dans leur pays d’origine. Actuellement, 299 Sénégalais sont emprisonnés au Maroc, et certains ont déjà exprimé le souhait d’être transférés au Sénégal. Le texte modifié renforce ainsi le cadre légal d’échanges de détenus entre les deux nations, tout en incluant des dispositions concernant l’assistance judiciaire et le transfert des condamnés. Cependant, la possibilité d’extrader un ancien président comme Macky Sall demeure floue, compte tenu de son statut diplomatique particulier.
Le contexte historique de cet accord remonte à 1967, lorsque les deux pays ont signé un traité d’extradition visant à faciliter l’échange de prisonniers. Toutefois, bien que la convention ait été conçue pour faciliter ces échanges, les ajouts récents dans le projet d’amendement ouvrent la voie à de nouveaux cas, y compris celui de l’ancien président. L’accord signé en 2004 n’ayant jamais été ratifié, c’est dans ce cadre législatif inachevé que la question de l’extradition de Macky Sall fait surface aujourd’hui.
Les perspectives concernant l’avenir de ce projet de loi sont incertaines. En effet, bien que certains responsables sénégalais minimisent la portée de cette initiative, d’autres estiment que la ratification de la loi pourrait marquer le début de poursuites judiciaires contre Macky Sall. Cependant, l’ancien président jouit de protections diplomatiques qui compliquent la faisabilité d’une extradition, et les analystes juridiques soulignent que la mise en œuvre d’une telle mesure est un défi considérable. Il est donc difficile de prévoir l’issue de cette question dans l’avenir proche.
Du côté de Macky Sall, sa situation reste également ambiguë. Résidant à Marrakech depuis son départ du pouvoir en avril dernier, l’ex-président est désormais engagé dans des missions internationales, telles que son rôle d’envoyé spécial pour le Pacte de Paris. Selon ses proches, sa position actuelle le place en dehors des affaires politiques sénégalaises. Cependant, des spéculations persistantes sur son avenir politique et judiciaire continuent de nourrir les débats, notamment sur les implications de ses éventuelles actions en dehors du Sénégal.
Enfin, la question de l’extradition de Macky Sall pourrait avoir des répercussions sur les relations diplomatiques entre le Sénégal et le Maroc. Les tensions pourraient surgir si l’ex-président se retrouve impliqué dans des affaires politiques internes au Sénégal, malgré sa présence au Maroc. Ce scénario risquerait de fragiliser les liens déjà complexes entre les deux pays, dans un contexte de gouvernance post-présidentielle et de transition politique au Sénégal.