Le 26 mars 2025, le général Abdourahmane Tiani a été officiellement investi président de la République du Niger pour un mandat de cinq ans renouvelable, à l’issue d’une cérémonie marquée par la promotion de l’ancien commandant de la Garde présidentielle au rang de Général d’Armée. Cette double légitimation militaire et politique s’inscrit dans la continuité du coup d’État du 26 juillet 2023, qu’il avait dirigé pour renverser le président élu Mohamed Bazoum. La Charte de la Refondation, qui a été promulguée ce jour-là, consacre son ascension au sommet de l’État et renforce son autorité au plan institutionnel.
Ancien commandant de la Garde présidentielle, Abdourahmane Tiani a consolidé son pouvoir après le coup d’État de 2023. En tant que président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), il a réussi à maintenir un contrôle militaire ferme sur le pays. Sa promotion au grade de Général d’Armée, l’un des plus hauts niveaux militaires, ne fait qu’accentuer sa position dominante. À la tête des Forces Armées Nigériennes (FAN), il devient désormais le garant de la sécurité nationale, avec un pouvoir militaire qui dépasse désormais celui des autres institutions civiles du pays.
L’ascension de Tiani intervient dans un contexte de forte instabilité politique et de tensions régionales, avec le Niger au centre d’un jeu de forces qui dépasse ses frontières. Le renversement de Mohamed Bazoum a déclenché une série de sanctions internationales, en particulier de la part de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Cependant, cette investiture et la promulgation de la Charte de la Refondation semblent marquer un tournant dans la manière dont le pays envisage sa transition, malgré les pressions extérieures et les tensions internes. Les forces militaires continuent de jouer un rôle clé dans la gestion du pays.
Sous la présidence de Tiani, les perspectives d’une transition démocratique restent incertaines. Si son discours a salué un « nouveau départ » pour le Niger, plusieurs questions demeurent sur la nature de ce changement. Le général a mis en avant la dissolution des partis politiques et l’amnistie de prisonniers politiques et militaires, des décisions qui pourraient être perçues comme un moyen de réduire les oppositions internes et de stabiliser son pouvoir. Toutefois, ces actions risquent aussi de maintenir un climat d’instabilité politique et de tensions avec l’Occident, notamment en ce qui concerne la légitimité de son pouvoir.
La cérémonie d’investiture a été marquée par des décisions marquantes, telles que la dissolution des partis politiques et l’amnistie de certains prisonniers. Ces actions renforcent l’idée d’une transition dirigée principalement par des acteurs militaires, avec une vision de stabilité souvent mise en avant pour justifier des mesures autoritaires. Les enjeux futurs pour le Niger dépendront de l’évolution de la situation régionale, notamment de ses relations avec la CEDEAO et des pressions extérieures sur son régime. Dans ce contexte, Tiani devra naviguer avec prudence pour maintenir une certaine légitimité tant au niveau national qu’international.
Certains observateurs considèrent que l’ascension de Tiani pourrait marquer le début d’une phase de stabilité au Niger, après les tumultes politiques des dernières années. Toutefois, des voix critiques s’élèvent, soulignant que la concentration du pouvoir dans les mains des militaires pourrait empêcher une véritable démocratisation du pays. Des analystes estiment que le général Tiani devra faire face à des défis internes, notamment en matière de gouvernance et de réconciliation nationale, pour apaiser les tensions internes et redonner confiance à la population.