Les autorités nigériennes ont mené une perquisition dans les bureaux d’Orano au Niger, saisissant des équipements et des téléphones des filiales locales de ce géant français de l’uranium. Cette intervention survient plusieurs mois après que la société ait perdu le contrôle opérationnel de ses installations dans le pays. Le 5 mai, les forces de sécurité ont perquisitionné les sites de Somair, Cominak et Orano Mining Niger à Niamey, une action qui reflète l’escalade des tensions entre les autorités nigériennes et les entreprises minières étrangères.
Orano, qui détient environ 63% de la mine de Somair, a révélé dans un communiqué que la situation actuelle était difficile à suivre, en raison de son incapacité à contacter ses représentants sur place. Cette saisie fait suite à une série de mesures prises par le gouvernement militaire du Niger, qui a pris le contrôle de la mine de Somair en décembre 2023, privant la société française de ses prérogatives opérationnelles. Ibrahim Courmo, le directeur local, a été arrêté lors de l’incident, bien que Niamey n’ait pas commenté officiellement cette arrestation.
Depuis le coup d’État de 2023, les autorités du Niger, soutenues par le Mali et le Burkina Faso, ont renforcé leur contrôle sur les ressources minières, notamment l’uranium, un minerai stratégique. Ces pays, gouvernés par des régimes militaires depuis 2020, ont progressivement éloigné leurs relations économiques et diplomatiques avec la France, leur ancienne puissance coloniale. En décembre dernier, le gouvernement du Niger a pris le contrôle de la mine de Somair, détenue en partie par Orano, renforçant ainsi son autorité sur les actifs miniers étrangers.
Le Niger n’est pas le seul à resserrer l’étau sur les entreprises minières. Le Mali et le Burkina Faso ont également intensifié leur pression sur les sociétés étrangères, arrêtant des cadres dirigeants et saisissant des biens, dans le cadre de négociations sur les termes d’exploitation des mines. Le retrait de permis et la saisie de ressources minérales sont devenus des mesures courantes dans cette région du Sahel, où l’instabilité politique a redéfini les relations avec les investisseurs étrangers.
L’évolution des politiques minières au Niger s’inscrit dans un contexte plus large de rupture avec l’influence française. Ces décisions font écho à un désir croissant des gouvernements militaires du Sahel de prendre le contrôle total de leurs ressources naturelles, réduisant ainsi l’emprise des entreprises françaises. Cette dynamique se matérialise également par des mesures plus coercitives, comme le retrait de permis d’exploitation, affectant non seulement Orano, mais aussi d’autres acteurs comme la société canadienne GoviEx Uranium, privée de ses droits sur un projet d’uranium au Niger en 2024.
Les tensions entre la France et les pays du Sahel s’intensifient, illustrant la montée de sentiments anti-français dans la région. Ces pays cherchent à se réorienter vers de nouveaux partenariats, notamment avec des puissances comme la Chine et la Russie, pour diversifier leurs relations économiques et politiques. Cette dynamique pourrait redéfinir l’équilibre des pouvoirs dans l’exploitation des ressources naturelles de la région, avec des répercussions sur l’avenir des investissements étrangers dans le secteur minier.
Le secteur minier au Niger, déjà en pleine mutation, pourrait connaître des bouleversements importants dans les mois à venir. Les entreprises étrangères, comme Orano, devront faire face à une pression croissante de la part des régimes militaires du Sahel, qui cherchent à imposer des conditions plus strictes pour l’exploitation des ressources. Cette situation pourrait mener à un exode des investisseurs étrangers ou à des réorientations stratégiques visant à répondre aux exigences politiques locales.
D’autres défis pour l’industrie minière pourraient surgir si les gouvernements du Sahel continuent d’élargir leur contrôle sur les ressources naturelles. Les tensions sociales et les contestations locales pourraient également jouer un rôle majeur dans la manière dont ces gouvernements gèrent les concessions minières. Orano et d’autres multinationales devront naviguer dans ce nouvel environnement pour tenter de maintenir leurs opérations tout en respectant les nouvelles règles du jeu imposées par les régimes militaires.
La communauté internationale, et notamment les entreprises minières étrangères, suit de près les développements au Niger et dans ses pays voisins. Les sanctions économiques, la perte de partenariats et les ajustements dans les relations commerciales risquent d’affecter l’ensemble de la région du Sahel. Les entreprises devront réévaluer leurs stratégies d’investissement face à l’incertitude croissante. En parallèle, les régimes militaires de la région continuent de renforcer leur pouvoir, soucieux de préserver leur indépendance et de contrôler les ressources naturelles de manière plus directe.