Les Forces de défense et de sécurité (FDS) du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont récemment mené une opération conjointe dans la région de Tillabéry, au Niger, visant à neutraliser des éléments terroristes affiliés à l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Cette action militaire, qui s’est déroulée en début de semaine, a permis l’arrestation de quatre terroristes et la saisie de nombreux équipements, notamment des armes et des véhicules, dans une zone stratégique du Sahel.
L’opération a particulièrement ciblé les localités de Kossa, Tondobon, Taratakou et Tondo, dans l’ouest du Niger. Sur l’axe Kossa-Tondobon, une patrouille de l’armée a réussi à capturer quatre individus armés, tandis que dans les zones de Taratakou et Tondo, les forces engagées ont intensifié les opérations de ratissage. Ces actions ont permis la neutralisation de plusieurs terroristes, ainsi que la récupération de matériels cruciaux, tels que des armes à feu, des motocyclettes, des téléphones portables, des détonateurs, des bidons d’essence, ainsi qu’un détecteur de métaux. Ces saisies illustrent non seulement la portée de l’opération mais aussi la volonté de couper les ressources logistiques et de renseignement des groupes djihadistes.
Cette opération conjointe s’inscrit dans un contexte de recrudescence des violences dans la région des “trois frontières” (Niger, Mali, Burkina Faso), un secteur devenu un véritable foyer d’insécurité. Ces attaques sont principalement attribuées à des groupes affiliés à l’EIGS et à d’autres factions djihadistes. En effet, ces dernières années, la zone a vu une multiplication des incursions terroristes, qui ont déstabilisé l’équilibre fragile de cette région du Sahel, déjà confrontée à des tensions politiques et économiques. L’intensification de ces violences a amené les pays voisins à renforcer leur coopération militaire.
L’opération réussie de la force conjointe AES marque un tournant positif dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Les forces armées des trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) montrent leur capacité à mener des actions coordonnées et efficaces contre des groupes terroristes très bien organisés. Si cette victoire représente un coup dur pour l’EIGS, elle ouvre également la voie à une collaboration renforcée entre les nations du Sahel pour lutter contre l’extension de l’influence djihadiste. Toutefois, des défis demeurent, notamment en ce qui concerne le maintien de la sécurité dans cette région vulnérable.
Cette opération conjointe a également des implications au-delà de la lutte contre le terrorisme. Elle témoigne de la volonté des pays du Sahel de prendre en main leur propre sécurité et de réduire leur dépendance à l’aide militaire internationale. Les succès obtenus pourraient servir de modèle pour d’autres initiatives de coopération régionale dans la lutte contre l’insécurité, tout en posant la question de la reconstruction de la stabilité dans les zones libérées. Cependant, il reste à voir si ces actions pourront offrir une paix durable face à un ennemi mobile et déterminé.
Des analystes de la sécurité régionale soulignent que, bien que cette opération soit un succès, la lutte contre le terrorisme dans le Sahel nécessite une approche holistique, combinant l’action militaire avec des efforts en matière de développement et de gouvernance. La fragilité des États du Sahel, combinée à la persistance de l’extrémisme, signifie que les succès militaires doivent être accompagnés de mesures politiques et économiques pour éviter que ces zones de tensions ne deviennent des foyers de radicalisation.