Les rumeurs s’intensifient depuis le début de l’offensive russe en Ukraine: l’état de santé de Vladimir Poutine alimente décidément toutes les spéculations. Le président russe est en effet tantôt présenté comme “malade”, tantôt carrément “mourant”, sans que l’on puisse vérifier la fiabilité de ces informations. Que faut-il dès lors en penser?
Le chef du renseignement militaire ukrainien l’a encore annoncé avec aplomb lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision américaine ABC, ce mercredi. Selon Kyrylo Boudanov, Vladimir Poutine est “mourant”. “Poutine est-il gravement malade?”, lui demande la journaliste Britt Clennett lors de l’entretien. “Bien sûr. Depuis longtemps déjà. Très longtemps”, répond-il. “Il va mourir très vite, je pense”, prend-il le soin d’ajouter. L’Ukrainien évoque un “cancer”. Des informations obtenues, en outre, de “sources proches” du président russe.
Cancer, Parkinson…
Ce n’est pas la première fois que l’état de santé de Vladimir Poutine fait l’objet de telles hypothèses. Le même Kyrylo Boudanov avait notamment confié à la chaîne britannique Sky News, en mai 2022, que Poutine était atteint de “plusieurs cancers”. Depuis le début du conflit, l’homme fort du Kremlin a tour à tour été soupçonné de souffrir secrètement d’un cancer de la thyroïde ou de la maladie de Parkinson. Chacune de ses apparitions télévisées est d’ailleurs méticuleusement analysée pour tenter d’y déceler le moindre signe d’affaiblissement. Dernier exemple en date, son discours de fin d’année devant une dizaine de militaires en uniforme où l’indéboulonnable président ne peut contenir une quinte de toux, à l’origine de nombreux commentaires.
Propagande ukrainienne?
“Derrière le renseignement ukrainien, il a le renseignement américain”, souligne Alexandre Melnik, ancien diplomate à Moscou, sur BFMTV. Selon lui, il faut donc écouter avec attention ce que le renseignement ukrainien raconte… mais aussi s’en méfier car ces informations sont “forcément partisanes”, précise-t-il. En juillet dernier, William Burns, chef de la CIA, avait d’ailleurs affirmé le contraire et insisté sur “la bonne santé” de Vladimir Poutine. Selon les experts, il est, d’une part, difficile de connaître son état de santé réel en raison de “l’isolement” du président russe, commente Floran Vadillo, spécialiste du renseignement. D’autre part, les rumeurs sont à ce point récurrentes qu’elles semblent s’inscrire dans une “guerre de communication” et “dans la propagande” de Kiev, ajoute Sylvie Bermann, ancienne ambassadrice de France en Russie.
“Influer sur ses proches”
Cette stratégie de communication cultive un objectif de “déstabilisation politique”, afin de provoquer une “révolution de palais” au Kremlin: “Le but n’est pas de dévoiler l’état de santé de Vladimir Poutine mais d’influer sur ses proches et de tenter de provoquer une révolution de palais”, juge Floran Vadillo. Tenter de prouver que Poutine “n’est plus maître de ses moyens”, en quelque sorte, pour convaincre une éventuelle coalition hostile à le pousser vers la sortie.
En revanche, il reste bel et bien possible que Vladimir Poutine soit réellement malade: “Personne ne connaît véritablement son état de santé. C’est le secret d’État le plus protégé”, conclut Alexandre Melnik…