Ce mot ne vous dit peut-être rien, pourtant, la sexsomnie est reconnue par le monde médical comme un trouble du sommeil. Une personne atteinte de sexsomnie souffre de comportements sexuels anormaux durant la nuit. Les pulsions peuvent aller de la masturbation aux actes sexuels avec son ou sa partenaire, sans le consentement de cette personne. C’est pour cette raison précise que cette forme de somnambulisme inquiète autant la justice que les professionnels de santé.
Les personnes somnambules sont capables de se mouvoir, de se déplacer, voire de tenir une conversation durant leur sommeil. Pour les personnes atteintes de sexsomnie, cela peut aller beaucoup plus loin. Elles peuvent avoir des comportements sexuels tout en étant complètement endormies. Comme l’explique la Docteure Tuong Bao Truong, auteure d’une thèse de médecine sur le sujet, ces actes peuvent être “autocentrés, avec de la masturbation et des vocalisations sexuelles, ou bien impliquer le partenaire de lit avec des caresses, des frottements et plus rarement, des actes sexuels, avec ou sans orgasmes ou encore des agressions sexuelles.”
La spécialiste, citée par la RTBF, précise que “la prévalence de la sexsomnie dans la population n’est pas connue, mais il semble qu’elle concerne surtout de jeunes adultes masculins. Durant ces épisodes, le sujet est confus et présente une amnésie partielle, voire complète.” Cela signifie que dès son réveil, le sexsomniaque n’a aucun souvenir de ce qu’il a fait ou dit durant la nuit. Mais les personnes victimes de leurs actes, elles, s’en souviennent très bien.
Témoignages
“Ça va de la simple étreinte un peu affirmée où j’ai seulement besoin de lui mettre un coup de coude, à l’obligation de vraiment le frapper. C’est hyper dur aussi parce que je le sens comme une violence gratuite. Je le frappe alors qu’il ne s’en rappellera pas”, racontait une femme dont le conjoint est atteint de sexsomnie. “Mon ami m’a réveillée en pleine nuit, m’a peloté les seins et le sexe assez brutalement, sans un mot, puis s’est frotté contre moi avant de se rendormir. J’étais trop surprise et choquée pour réagir. À son réveil, il n’était visiblement pas conscient de ce qu’il avait fait”, témoignait à son tour une jeune femme de 26 ans dans le média suisse Femina.
Dans les colonnes de TF1, la neurologue Isabelle Arnulf explique comment aider une personne atteinte de ce trouble du sommeil. “Le premier réflexe à adopter, explique Isabelle Arnulf, c’est de consulter en centre spécialisé, dans un service des pathologies du sommeil susceptible de traiter narcolepsie, hypersomnie et syndrome de Kleine-Levin, et qui proposera alors une thérapie comportementale, parfois un traitement par antidépresseur”, assure-t-elle.
Un casse-tête judiciaire
Pour la justice, il convient d’éviter absolument la moindre confusion entre une personne “sexomniaque” et une personne coupable d’agressions sexuelles. Le risque? Que l’auteur d’un viol, par exemple, utilise cette pathologie pour faire croire qu’il est lui-même victime de pulsions incontrôlables. “Il serait naturel de penser que le diagnostic de sexsomnie est une défense facile pour les auteurs de violences sexuelles, seulement lorsque l’avocat plaide la sexsomnie, cela signifie que le plaignant ne nie pas l’accusation”, explique la spécialiste, citée par la RTBF. En cas de sexsomnie suspectée, la justice effectue une série d’examens pour confirmer la pathologie.
Source : 7sur7.be