Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a tiré la sonnette d’alarme dans un rapport publié le 2 octobre. Il y dénonce les multiples entraves imposées à la Mission de l’ONU pour la stabilisation en RDC (Monusco), particulièrement dans l’est du pays. Privée de liberté de mouvement et confrontée à des pénuries critiques, la mission est désormais contrainte de réduire ses effectifs et ses opérations. « Le statu quo n’est plus tenable », affirme Guterres.
Selon le rapport, les forces de la Monusco ne peuvent plus circuler librement, notamment dans Goma et d’autres zones du Nord-Kivu contrôlées par l’AFC/M23. Les restrictions imposées touchent directement l’approvisionnement en carburant et en vivres, à un point tel que les réserves locales ont failli être épuisées. L’ONU souligne que depuis juillet, la situation s’est nettement aggravée, mettant en danger la capacité opérationnelle et la sécurité des casques bleus.
La fragilisation de la mission survient dans une région où l’AFC/M23 contrôle désormais les entreprises publiques d’eau et d’électricité. Celles-ci ont cessé de fournir la Monusco, l’obligeant à recourir à des générateurs pour alimenter ses bases. Guterres accuse ce groupe armé d’avoir mis en péril les dispositifs vitaux de la mission. De son côté, l’AFC/M23 réplique en affirmant que la Monusco continue de payer ses factures à Kinshasa, alors que c’est le mouvement rebelle qui assure la fourniture locale des services.
Les tentatives de médiation engagées avec l’AFC/M23 n’ont produit que des résultats limités. L’aéroport de Goma, fermé depuis plusieurs mois, reste inaccessible, compliquant les évacuations médicales et la relève des contingents. Dans certaines zones, plus de 80 % des troupes n’ont pas pu être remplacées, ce qui oblige à organiser des déploiements via l’Ouganda, avec des coûts logistiques accrus. La Monusco a toutefois réussi à rapatrier 200 soldats uruguayens et poursuit ses négociations pour accueillir des forces de remplacement.
Ce nouvel avertissement illustre le dilemme auquel fait face l’ONU en RDC. Alors que le mandat de la Monusco est régulièrement critiqué par Kinshasa et contesté par une partie de la population congolaise, ses moyens se trouvent affaiblis dans une zone où les besoins sécuritaires restent immenses. La dépendance de la mission à des services désormais contrôlés par l’AFC/M23 traduit un basculement de rapport de force qui fragilise encore davantage sa crédibilité et son efficacité.
Si la situation perdure, la Monusco pourrait voir sa capacité d’action réduite à peau de chagrin. Cela isolerait davantage l’ONU, dont la mission en RDC est déjà sous pression politique avec le calendrier de retrait progressif exigé par Kinshasa. Faute d’accord avec l’AFC/M23 ou de soutien logistique extérieur renforcé, l’ONU risque de se retrouver dans une position défensive, contrainte d’assurer sa survie plutôt que de remplir son mandat de stabilisation.