Lors de ses vœux pour 2025, le président ougandais Yoweri Museveni a déclaré que le groupe armé islamiste Allied Democratic Forces (ADF) avait été “détruit”. Une annonce en contradiction avec la situation dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où ce groupe continue de semer la terreur. Entre le 30 décembre et le 2 janvier, 68 civils ont été massacrés dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu.
Malgré les assurances de Kampala, les ADF ont intensifié leurs attaques dans plusieurs zones frontalières de l’Ouganda. Ces incursions récentes, attribuées aux rebelles affiliés à l’État islamique, ont touché des localités jusque-là épargnées comme Manzia, Luongo et Mwenye. Les victimes, tuées à la machette, témoignent d’une violence brutale qui persiste, même dans des zones où les forces de la coalition ougando-congolaise sont déployées.
Les ADF, originaires de l’Ouganda, sont implantés en RDC depuis les années 1990. Si l’opération Shujaa, lancée en 2021 par les armées congolaise et ougandaise, a permis de réduire leur présence près des frontières ougandaises, ces groupes armés demeurent une menace majeure pour les civils congolais. Les massacres dans des territoires éloignés, comme celui de Lubero, illustrent leur capacité à s’adapter et à se disperser pour échapper aux offensives militaires.
Selon Reagan Miviri, analyste à l’institut de recherches Ebuteli, les déclarations de victoire de Museveni reflètent avant tout un succès du point de vue ougandais : “La menace est plus éloignée de leurs frontières”. Toutefois, en RDC, les habitants continuent de subir des atrocités, exacerbées par la fragmentation des groupes terroristes et l’incapacité de l’armée à sécuriser durablement les zones reculées.
Le colonel Alain Kiwewa, administrateur du territoire de Lubero, reconnaît les difficultés rencontrées par la coalition militaire. La dispersion des rebelles et la multiplication des attaques rendent les opérations complexes. Cependant, il affirme que l’armée congolaise et son alliée ougandaise intensifient leurs efforts pour restaurer la paix dans ces régions.
Pendant que les forces armées tentent de contenir la menace, la population locale est prise au piège. Dans les villages attaqués, les corps des victimes restent souvent sans sépulture, et les habitants fuient en masse les zones à risque. Le bilan des massacres pourrait encore s’alourdir, alors que les recherches se poursuivent dans les broussailles. L’urgence humanitaire s’ajoute à une crise sécuritaire qui semble loin de trouver une issue.