L’ex-ministre congolais de la Justice, Constant Mutamba, a comparu ce 23 juillet devant la Cour de cassation de Kinshasa pour répondre d’accusations de détournement de fonds publics. Au cœur de cette affaire : un virement suspect de 19 millions de dollars dans le cadre du projet de construction d’une nouvelle prison à Kisangani. Face à ses juges, l’accusé a catégoriquement nié toute malversation financière.
Après le rejet des exceptions procédurales soulevées par ses avocats, Constant Mutamba a subi un interrogatoire fleuve de plus de quatre heures. L’ex-ministre a justifié chaque élément du dossier : le contrat de gré à gré validé selon lui par la Première ministre, le virement effectué “dans les règles”, et l’ouverture d’un compte bancaire par la société Zion la veille de la transaction pour éviter 300 000 dollars de frais. “Je n’ai jamais pris un seul dollar”, a-t-il martelé devant le greffier.
Cette affaire s’inscrit dans le contexte plus large des efforts de lutte contre la corruption menés par les autorités congolaises. Le secteur de la construction publique, particulièrement sensible aux détournements, fait l’objet d’une surveillance accrue. Le projet de prison de Kisangani, comme de nombreux chantiers publics en RDC, cristallise les enjeux de transparence dans la gestion des fonds de l’État et illustre les défis persistants de gouvernance auxquels fait face le pays.
Constant Mutamba a lui-même qualifié cette procédure de “procès historique” où il “joue son avenir”. L’issue de cette affaire pourrait influencer la crédibilité des institutions judiciaires congolaises et leur capacité à juger les hauts responsables. La prochaine audience, programmée le 30 juillet, sera déterminante pour la suite de cette procédure qui dépasse le simple cadre judiciaire pour toucher aux questions de redevabilité politique.
L’interrogatoire a révélé une stratégie de défense à double facette. D’un côté, Mutamba s’attache aux aspects techniques du dossier avec des explications détaillées sur les procédures suivies. De l’autre, il transforme parfois sa plaidoirie en tribune politique : “Je suis prêt à mener le combat d’une génération, d’un peuple et d’un continent”, a-t-il déclaré, se positionnant en résistant face à ce qu’il présente comme une persécution judiciaire.
Ce procès constitue un véritable test pour l’indépendance et l’efficacité de la justice congolaise. La médiatisation de l’affaire et la personnalité de l’accusé, ancien ministre de la Justice, placent les magistrats sous les projecteurs. Leur capacité à mener une procédure équitable, sans influence politique, sera scrutée tant par l’opinion publique congolaise que par les partenaires internationaux du pays, particulièrement attentifs aux questions de bonne gouvernance.