Les États-Unis ont officiellement exprimé leur soutien à l’attribution de deux sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité de l’ONU. Cette annonce, faite le 12 septembre 2024 par Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice américaine auprès des Nations unies, marque une étape cruciale dans la lutte de l’Afrique pour une meilleure représentation au sein de cet organe décisionnel majeur.
Ce soutien s’inscrit dans la continuité de la politique de l’administration Biden, qui avait déjà exprimé son intention de réformer le Conseil de sécurité en 2022. Les États-Unis veulent un rééquilibrage des forces au sein de l’ONU, avec une représentation accrue de l’Afrique, dont le rôle dans les affaires mondiales est en constante évolution. Cette annonce renforce également les positions de pays comme la Russie, qui plaident également pour une meilleure place de l’Afrique au Conseil.
Cela fait plus de 30 ans que l’Afrique réclame une représentation plus équitable dans les principales instances de l’ONU, notamment au Conseil de sécurité. L’Union africaine (UA), par le biais du consensus d’Ezulwini, a mis cette question à l’ordre du jour en 2005, soulignant l’injustice d’une organisation mondiale où près de 30 % des États membres sont africains, mais où seuls trois sièges non permanents sont réservés au continent.
Si cette proposition venait à être adoptée, elle marquerait un tournant dans l’équilibre des pouvoirs au sein du Conseil de sécurité, avec l’entrée officielle de deux pays africains comme membres permanents. Toutefois, une question cruciale se pose : quels pays africains seront choisis pour ces sièges ? Les grandes puissances régionales, telles que l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Égypte, le Sénégal ou le Kenya, sont pressenties pour représenter le continent. La désignation finale sera probablement discutée au sein de l’Union africaine.
Cependant, malgré ce soutien, les États-Unis ne sont pas favorables à l’élargissement du droit de veto, réservé aux cinq membres permanents actuels. Ce point est en désaccord avec les revendications de plusieurs pays africains qui estiment que le droit de veto devrait être étendu à tous les membres permanents du Conseil. Cette limitation pourrait ralentir la mise en œuvre des réformes souhaitées.
Au-delà de la réforme du Conseil de sécurité, cette démarche américaine s’inscrit dans un contexte géopolitique marqué par une rivalité croissante avec la Russie et la Chine en Afrique. Certains analystes, comme Romuald Sciora, estiment que cette initiative vise également à redorer l’image des États-Unis auprès des nations africaines. Il reste à voir si cette réforme aboutira rapidement ou si elle sera retardée par des négociations diplomatiques complexes.
Outre l’Afrique, les États-Unis plaident également pour l’attribution de sièges permanents à l’Allemagne, au Japon et à l’Inde. Une telle réforme élargirait le Conseil de sécurité à neuf membres permanents, tout en intégrant des sièges supplémentaires pour les petites îles en développement et l’Amérique latine. La proposition devra être ratifiée par le Sénat américain et approuvée par les membres actuels du Conseil avant de passer au vote de l’Assemblée générale.