Au Sénégal, la Commission électorale nationale autonome (Céna) a connu un remaniement majeur le soir du vendredi 4 novembre. Le président Doudou Ndir et les membres de la Céna ont tous été limogés et remplacés par décret présidentiel.
Ce remaniement fait suite à l’expiration du mandat de l’ancienne équipe de 12 membres de la Céna, qui datait de deux ans et demi. Toutefois, la décision de ce changement en pleine polémique sur l’éligibilité de l’opposant Ousmane Sonko suscite des interrogations.
Le décret présidentiel intervient alors que la controverse s’enflamme sur la réintégration ou non d’Ousmane Sonko dans le fichier électoral. La Céna avait demandé, le 30 octobre dernier, que l’opposant soit réinscrit sur les listes électorales, suite à une décision du tribunal d’instance de Ziguinchor. Au Sénégal, le ministère de l’Intérieur organise les élections, tandis que la Céna supervise l’ensemble du processus.
Bien que le changement soit légal et réclamé depuis janvier 2021, le timing soulève des interrogations. L’ONG 3D, défendant la transparence électorale, souligne également le non-respect des dispositions du Code électoral, qui limitent ce type de changements à un tiers des membres de la Céna, à moins de quatre mois d’une élection présidentielle majeure. Cette situation pourrait entamer la confiance dans les organes de gestion électorale.
Le gouvernement justifie cette procédure comme tout à fait normale. Selon le ministre porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, la décision de Macky Sall devrait être applaudie par l’opposition, car “leur mandat était arrivé à terme”. Il insiste sur le caractère incontestable de cette décision.
Le président de la République du Sénégal a nommé un nouveau président à la tête de la Céna, en la personne d’Abdoulaye Sylla, un inspecteur général d’État, secondé par Ndary Toure, un magistrat, comme vice-président. Les deux sont à la retraite, et ce remaniement pourrait avoir des répercussions sur le paysage électoral sénégalais.